Les citoyens sont plus préoccupés par la cherté de la vie que par le futur gouvernement Un projet de société, une stratégie de guerre et une médication économique. Une lourde tâche pour l'équipe de Sellal dans sa quatrième version. Tel un séisme qui survient au moment où on ne l'attendait pas, le remaniement gouvernemental opéré avant-hier, et qui a touché au total 13 départements ministériels, intervient dans un conjoncture très spéciale. Première contrainte et pas des moindres, il faut apaiser un front social en ébullition... Comment répondre à une immense demande sociale avec des recettes financières sérieusement mises à mal par la chute des prix du baril. Ce remaniement peut certes refroidir un front social en ébullition mais pas pour longtemps. A quelques semaines du mois de Ramadhan, tous les clignotants sociaux sont au rouge. La flambée anticipée des prix a déjà englouti une partie des augmentations de salaires opérées par les pouvoirs publics et l'inflation a fait le reste. Il n'est pas exclu, c'est même une évidence, que les prix vont encore flamber au moins durant les 10 premiers jours du Ramadhan. Le gouvernement s'est-il préparé à la réaction de la société face à ces flambées? A-t-il les moyens de maîtriser un éventuel mécontentement? Les ingrédients sont toujours latents mais prêts à se manifester à la moindre brèche de gestion surtout en ce mois de grande consommation... Le prochain Ramadhan constitue un véritable test pour ce nouvel Exécutif appelé à solutionner de vrais problèmes dans un contexte peu favorable. Ce bouillonnement social constitue un réel facteur de fragilité du pays qui s'ajoute aux autres facteurs dont celui économique. La nouvelle équipe aura ainsi pour tâche ardue de réinitialiser le pays, de relancer la production et la consommation nationales, de freiner l'hémorragie des importations tous azimuts, d'en finir avec le marché informel. Il s'agit en d'autres termes de livrer une véritable guerre contre d'une part, le puissant lobby des importateurs et la mafia de l'informel. Un projet de société, une stratégie de guerre et une médication économique. Une lourde tâche pour l'équipe gouvernementale. Au plan politique, le défi est tout aussi complexe. Il tient à relever l'écueil de la révision constitutionnelle promise, avec insistance, par le chef de l'Etat depuis avril 2011. Avec ce remaniement, les observateurs s'interrogent en effet sur le sort réservé à ce projet. La première certitude est qu'il ne se fera pas avant la rentrée sociale prochaine, relèvent les mêmes observateurs. Ils en veulent pour preuve, que «dans quelques semaines, le pays sera plongé dans une totale hibernation pendant un mois, le temps du Ramadhan. Viennent ensuite les congés d'été peu propices à l'activité politique et nous voilà au mois de septembre». On a toujours attendu un remaniement après la révision constitutionnelle mais voilà que lé président a surpris la scène politique au point de s'interroger: quel sort serait réservé à la révision de la Constitution? En somme, c'est le pays qui se trouve à la croisée des chemins. C'est que l'Algérie doit opérer sa transition économique en passant de la rente pétrolière à une économie productive, elle doit opérer sa transition énergétique, elle doit assainir son environnement entrepreneurial, elle doit concilier la demande sociale avec une réalité économique pas très réjouissante. Enfin, le pouvoir politique doit réviser une Constitution censée projeter le pays dans les 50 années à venir. Cela, sans compter la situation sécuritaire avec tous les scénarii aux frontières. Une dure réalité pour le gouvernement Sellal dans sa quatrième génération.