Le Palais du gouvernement La période estivale sera mise à profit par les décideurs pour comprendre, définir et sérier les idées avancées par les partis d'opposition. La formation du nouveau gouvernement dont l'annonce devait être faite ce week-end connaîtra probablement quelque retard. Des sources crédibles rapportent que le nouvel attelage gouvernemental qui conduira les affaires du pays, du moins jusqu'à septembre prochain, sera en effet retardé de quelques jours. Plusieurs arguments justifient cette hypothèse. L'idée d'un gouvernement d'union nationale qui pourrait englober d'autres formations politiques autres que celles de la majorité présidentielle n'est pas à écarter. De plus et paradoxalement, la conjoncture actuelle n'incite pas à espérer un large remaniement au lendemain de la réélection du président Bouteflika pour un quatrième mandat. La raison est qu'on est à la veille des vacances scolaires et universitaires, du Ramadhan et des congés d'été. Ainsi, le remaniement tant annoncé ne sera, en réalité, qu'un léger lifting et la grande composante de l'équipe ministérielle actuelle sera reconduite. En revanche, le grand «ménage», le vrai remaniement n'interviendra qu'en septembre prochain, c'est-à-dire à la rentrée sociale. Le retour de Sellal aux affaires de l'Etat confirme cette tendance à tempérer les choses pour le moment, en plus du fait que c'est un signe d'une confiance renouvelée par le président Bouteflika et la volonté de celui-ci à poursuivre son projet des réformes engagées avant la campagne présidentielle de 2014. Ensuite, le fait de repousser ce changement au mois de septembre permettra une meilleure visibilité en vue d'aboutir à ce gouvernement d'union nationale. La période estivale sera mise à profit par les décideurs pour comprendre, définir et sérier les proposition avancées par les partis d'opposition, notamment en ce qui concerne cette idée de «transition». Mais ce n'est que l'aspect théorique car dans la pratique, le travail des coulisses tourne à plein régime. Rompus au travail des coulisses, les cadres du FLN s'adonnent avec joie à ce sport qu'ils pratiquent jusqu'à la perfection. Si les Olympiades des coulisses existaient, le FLN aurait détrôné haut la main Michael Phelps, le nageur américain qui a décroché 22 médailles au total en trois Olympiades. Que dire alors de la compétition nage libre en eaux troubles? Phelps serait ridiculisé par le dernier des membres du comité central. Et le vieux parti n'est pas du genre à marquer le pas en pareil rendez-vous de remaniement. Les partis de la majorité présidentielle, le RND, le TAJ et le MPA, ont chacun de son côté avancé une liste de ministrables mais le FLN fait déjà circuler des noms. On croit savoir que dans la liste avancée par le secrétaire général du parti, Amar Saâdani, figurent des noms comme celui de l'homme d'affaires Mohamed Djemai, M.Kherchi, M.Benhamadi et Tahar Khaoua, président du groupe parlementaire du FLN. Ecrans de fumée ou vérité? Avec le FLN, il faut s'attendre à tout, y compris à une majorité au gouvernement que M.Saâdani réclame. A ce titre, il faut convenir qu'il a toutes les raisons et tous les arguments justifiant amplement sa demande. C'est le FLN qui, le premier, a été au charbon, qui a joué au porte-flingue pour défendre bec et ongles la candidature de Bouteflika pour un quatrième mandat. La juste rétribution voudrait qu'il bénéficie des dividendes après cette consécration du quatrième mandat. Ensuite, c'est lui, le vieux parti, qui a la majorité écrasante au Parlement. Pourquoi pas alors une majorité au gouvernement? Pour l'heure, l'urgence est ailleurs. La priorité première consiste avant tout à finaliser d'abord, le grand projet de la Constitution. L'entourage présidentielle réfléchirait sur les meilleurs moyens de boucler la nouvelle mouture de la loi fondamentale dans les meilleures conditions possibles. Nos sources indiquent que c'est l'ancien Premier ministre, Ahmed Ouyahia et actuellement directeur de cabinet du président Abdelaziz Bouteflika, qui serait chargé de diriger les consultations politiques de cette Constitution. En mai 2011, le chef de l'Etat a installé le président du Sénat, Abdelkader Bensalah à la tête d'une commission de révision de la Constitution. Composée de juristes et d'experts, cette commission a consacré deux mois de consultations avec des partis politiques et des personnalités nationales. Elle a rendu son rapport de 120 pages en juillet 2011. Affirmant que M.Ouyahia entamera son action dans les prochains jours, nos sources ne précisent pas si le travail de la commission Bensalah sera pris en considération ou non. Nos sources ne précisent pas également si l'adoption du texte version Ouyahia se fera par un référendum populaire ou seulement par les deux chambres du Parlement réunies comme cela a été le cas en 2008. Le fait que le président Bouteflika concède un dossier aussi lourd à son directeur de cabinet est un signe de confiance. Cela prédestine-t-il Ouyahia à d'autres fonctions?