Les réactions et les commentaires vont toujours bon train sur la nomination du nouveau gouvernement. L'Exécutif naissant est diversement apprécié par les acteurs politiques et les chroniqueurs. Pour le FLN, le parti majoritaire, il s'agit d'un gouvernement de transition qui sera remanié juste après la révision constitutionnelle. Le FFS et le PT, qui se sont dispensés d'y participer, refusent aussi de commenter la liste nominative de l'équipe, mais ne s'empêchent pas de saisir la perche au vol pour défendre leurs options respectives. Le premier tient mordicus à sa Conférence nationale de consensus, alors que le second promeut l'idée incertaine d'une élection législative anticipée. La coalition partisane qui a boycotté le scrutin présidentiel préfère, elle aussi, parler de son propre projet de plateforme politique de transition. Aussi, la société civile et les médias ont différemment commenté l'événement. Certains parlent d'un gouvernement rajeuni où les femmes occupent, pour la première fois dans l'histoire du pays, pas moins de sept portefeuilles. Un signe d'ouverture, jugé probant. D'autres minimisent les changements opérés en mettant l'accent sur la reconduction du même personnel dans les ministères de souveraineté (Intérieur, Justice, Affaires étrangères et Energie). Là où les premiers croient déceler une nette volonté à aller de l'avant en associant les nouvelles générations à l'œuvre de construction nationale, les seconds n'y voient que continuité et statu quo. Certes, il est prématuré pour spéculer au sujet de l'efficacité du nouveau cabinet ou de pronostiquer sur sa capacité à traduire concrètement le programme électoral du président Abdelaziz Bouteflika. Toutefois, il convient de rappeler à l'occasion les attentes, nombreuses et légitimes, du peuple algérien. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a sillonné le pays de long en large, lors de la campagne électorale, en sait suffisamment. Il a fait de nombreuses promesses et s'est personnellement engagé pour trouver des solutions viables aux problèmes posés. Bien avant tout, la consolidation de la stabilité sociopolitique est un vœu cher à tous les Algériens. Dans cette optique, le président de la République s'est proposé de parachever son action au sommet de l'Etat par un processus de «renouveau national» à travers une nouvelle Constitution qui consacrerait une nette séparation des pouvoirs. A cet effet, il avait promis au peuple algérien de rassembler toutes les formations politiques et les acteurs sociaux pour convenir, ensemble, d'une loi fondamentale qui traduirait la volonté profonde de la nation. Au second rang des priorités, la diversification de l'économie pour créer de la valeur ajoutée et s'affranchir de la dépendance du marché mondial des hydrocarbures. A ce niveau, le choix du développement de l'agriculture et de l'industrie manufacturière a été franchement exprimé. En troisième lieu, il y a la poursuite de l'effort national en matière d'équipement du territoire en infrastructures de qualité. Dans tout cela, les avancées sociales espérées sont conséquentes. Voilà, en gros, les trois principaux points pour lesquels les Algériens ont majoritairement reconduit le président Bouteflika pour un éprouvant quatrième mandat. Il appartient au nouveau gouvernement d'œuvrer, d'ores et déjà, pour réussir cette œuvre titanesque. C'est sur son action quotidienne qu'il sera jugé par les Algériens. Les réactions, les commentaires et les lectures que l'on fait a priori n'ont pas beaucoup d'importance. C'est son bilan au bout d'une année ou deux qui sera décortiqué et jugé. Le temps ne pardonne pas. On doit faire vite et bien. K. A.