Les Etats-Unis ont exprimé hier leur «profonde préoccupation» après la condamnation à mort de l'ex-président égyptien Mohamed Morsi, un verdict qui selon les experts traduit la «guerre totale» lancée par le pouvoir contre la confrérie islamiste des Frères musulmans. L'ex-président, renversé par l'armée en juillet 2013, et une centaine de ses co-accusés ont été condamnés samedi à la peine capitale pour leur rôle dans des évasions massives de prison et des attaques visant la police durant la révolte de 2011, qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Allié de longue date du Caire mais qui critique régulièrement la répression visant les partisans de M. Morsi, les Etats-Unis se sont dits hier «profondément préoccupés» par ce verdict. «Nous nous sommes toujours élevés contre la pratique des procès de masse et des condamnations de masse, qui sont menés d'une manière contraire aux obligations internationales de l'Egypte et au respect de la loi», a déclaré un diplomate américain, sous le couvert de l'anonymat. Des centaines de Frères musulmans ont été depuis la destitution de Morsi condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l'ONU de «sans précédent dans l'histoire récente» du monde. Hier, les autorités carcérales ont d'ailleurs pendu six hommes reconnus coupables d'avoir mené des attaques contre l'armée pour le compte d'Ansar Beït al-Maqdess, la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI). Amnesty International avait indiqué que leur procès était «injuste», reposant uniquement sur des témoignages fournis par des officiers de la police secrète. Du fait de la répression, les relations entre Washington et le Caire s'étaient quelque peu refroidies. Les Etats-Unis avaient gelé une partie de l'aide de 1,5 milliard de dollars qu'ils versaient chaque année à l'Egypte, avant de la commencer à la rétablir. Parmi les dizaines de personnes ayant écopé de la peine capitale samedi, figurent, outre M.Morsi, le guide suprême de la confrérie des Frères musulmans, Mohamed Badie, ainsi que le prédicateur islamiste Youssef al-Qaradaoui. Ce dernier, installé au Qatar, était jugé par contumace et a rejeté hier sa condamnation. Ces jugements «n'ont aucune valeur et ne peuvent pas être appliqués car ils sont contraires à la loi divine ainsi qu'aux règles et coutumes humaines», a-t-il dénoncé. Selon des experts, ce verdict montre de nouveau la détermination de M.al-Sissi à éliminer la confrérie islamiste, qui avait remporté toutes les élections démocratiques organisées entre 2011 et la chute de M.Morsi. «Le régime du président al-Sissi a recours à tous les éléments de l'Etat pour casser la volonté politique des Frères musulmans», estime Fawaz Gerges, expert du Moyen-Orient à la London School of Economics and Political Science.