Les patriotes, dont le credo «seule la lutte paie», refusent de capituler. Tout en se structurant, ils développent une communication tous azimuts. Ali Bouguettaya, élu récemment porte-parole du mouvement, nous explique la nouvelle tournure prise par la question des patriotes. L'Expression: Quatre patriotes ont été assassinés à Batna récemment. Quel est l'impact de ce drame sur votre mouvement? Ali Bouguetaya: Nous regrettons vivement l'assassinat de ces quatre collègues par la horde terroriste. Et nous affichons notre entière solidarité avec leurs familles. On a envoyé une délégation à Batna pour assister à leurs funérailles et assister leurs familles durant trois jours. Cet assassinat a été un moment tragique pour nous. Mais il ne saura nullement nous démobiliser. Bien au contraire, il constitue pour nous un motif supplémentaire de sortir sur le terrain et revendiquer nos droits. Nous avons été là au moment le plus dur. On a perdu plus de 4000 éléments et on n'a pas abdiqué. Ce n'est pas aujourd'hui que nous allons céder devant la terreur islamiste. Mais il faut que justice soit rendue aux 4000 patriotes assassinés. Dans certaines wilayas, des offres ont été faites à certains patriotes. Cette manoeuvre ne vise-t-elle pas à casser votre coordination? En effet, la manoeuvre de la commission a tenté de nous diviser à travers des offres qui ne tiennent pas la route. Répondre à quelques demandes et ignorer l'essentiel ne peut signifier que cela. Mais, nous nous sommes mis d'accord pour porter notre plate-forme de revendications par une seule voie et ne jamais accepter de négocier quoi que ce soit sur le dos de nos collègues. Tous les patriotes, sans aucune exception, doivent bénéficier de leurs droits. On ne peut pas tolérer une quelconque discrimination entre eux. Même au niveau de la coordination, on a fait en sorte que toutes les régions et toutes les catégories de patriotes soient représentées pour éviter toute forme de manipulation. Depuis quelques semaines, vous investissez le terrain. Pourquoi ce redéploiement? Quel est votre objectif principal à travers ces sorties? Il y a deux objectifs principalement à travers nos sorties sur le terrain. Premièrement, il s'agit de re-mobiliser les patriotes, parce que la mobilisation seule nous permettra de pérenniser notre mouvement et de pouvoir arracher nos droits. Deuxièmement, il est question d'expliquer aux patriotes, dans le détail le travail de la coordination et de les tenir informés, de les écouter. La communication est très importante, car elle permet d'éviter les incompréhensions et les manipulations. Nous, ce qui nous intéresse est connu de tout le monde. Il s'agit de 22 points dûment consignés dans notre plate-forme. A travers ces rencontres, on se concerte avec nos collègues pour définir les priorités ainsi que les moyens d'agir en vue de réaliser nos objectifs. Je profite d'ailleurs de cette tribune pour remercier la presse nationale privée qui a toujours porté notre message. Vous allez tenir un conclave à Tizi Ouzou le 22 mai. Sur quoi vont porter les discussions? Tizi Ouzou est une région révolutionnaire et nous sommes fiers de nous y retrouver. Elle s'est toujours positionnée du côté des causes justes. Notre conclave qui s'y tiendra sera donc une belle opportunité de réaffirmer notre attachement à notre combat contre le terrorisme et pour obtenir nos droits. Nous allons donc passer en revue, lors de cette rencontre, le parcours de la coordination et trouver des perspectives pour faire aboutir nos revendications. Il est inadmissible que des patriotes ayant subi des blessures graves touchent 5300 DA par mois. Il est inadmissible que des patriotes ayant sacrifié toute leur vie pour le pays se retrouvent avec 16.000 DA le mois, même pas le Snmg. Il est anormal, éthiquement condamnable, que les terroristes que nous avons combattus aux côtés de l'ANP aient plus de droits que nous. Nous allons tenir plusieurs autres rencontres, d'ici le mois de Ramadhan, notamment à Médéa, Boumerdès et Chlef. Nous n'allons pas nous taire.