Passée d'un coût initial de 7 milliards de dollars, elle est en passe de franchir les 14 milliards Les gouvernements se suivent et les nouvelles promesses sont engrangées pour un seul but, faire oublier les anciennes rarement tenues. Ainsi en est-il de l'autoroute Est-Ouest, cette Arlésienne devenue, par la force des choses, cette Algérienne. L'épisode rocambolesque du bras de fer entre l'Etat et le consortium nippon Cojaal, chargé de la réalisation du tronçon Constantine-El Kala, qui a commencé en janvier 2014 avec l'effondrement du tunnel 1 gauche de djebel Ouahch n'est pas près de connâitre son épilogue. Bien malin sera celui qui pourra dire aujourd'hui où en sont les relations entre les deux parties en conflit, même si le désormais ministre de l'Agriculture, Abdelkader Kadi, alors en charge des travaux publics, avait tantôt donné pour acquise la résiliation du contrat et tantôt évoqué une entente cordiale avec l'ambassadeur du Japon pour reconduire Cojaal sous réserves d'honorer ses engagements. En tout état de cause, cet axe qui était attendu pour mars 2011 puis pour mars 2014 est loin, bien loin de voir le jour malgré les effets d'annonce d'abord, de Farouk Ciali optimiste pour...le 5 juillet 2014, suite à de rugueux pourparlers avec Cojaal, ensuite avec Kadi qui a fait l'impasse sur le tunnel pour se rabattre sur le projet initial de contournement dont on évalue actuellement le taux d'avancement des travaux à quelque 40% alors que la livraison était donnée, que dis-je promise, pour juin prochain! Les gouvernements se suivent et les nouvelles promesses sont engrangées pour un seul but, faire oublier les anciennes rarement tenues. Ainsi en est-il de l'autoroute Est-Ouest, cette Arlésienne devenue, par la force des choses, cette Algérienne. Car ce qui est vrai pour djebel Ouahch l'est tout autant pour le tunnel au niveau du col d'El Kentour, entre Zighoud Youcef et Aïn Bouziane. Cet ouvrage d'art composé de deux tubes et long de 2,5 kilomètres donne bien du fil à retordre à Cojaal qui a, d'ailleurs, transporté tous ses moyens et humains et matériels sur place dès 2013 après que Amar Ghoul se soit engagé pour leur achèvement en...août 2013! Si le consortium nippon connaît des sueurs froides pour les deux tunnels, c'est parce que la zone constantinoise est propice aux éboulements, du fait de terrains instables. Ceci explique cela et les promesses répétées des différents ministres qui se sont succédé aux travaux publics au cours des trois dernières années n'émeuvent plus personne. Pour la majorité des usagers, le caractère interminable des travaux, d'Est en Ouest, les nombreuses déviations et autres fermetures «momentanées» de plusieurs axes atteignant jusqu'à 30 km (!), les aires de stationnement incompatibles avec la mission première qui est celle des aires de repos etc etc, sont autant de raisons pour se résigner à ne plus y croire, surtout que le récent procès du même nom a fini par ébranler les esprits les plus crédules. Passée d'un coût initial de 7 milliards de dollars, l'autoroute Est-Ouest est en passe de franchir les 14 milliards sans être pour autant livrée. Qui plus est, les malfaçons apparues de Sidi Bel Abbès à El Harrouch, telles que la chaussée défoncée du côté de Relizane, les interminables réfections entre Lakhdaria et Bouira, comme entre El Achir et Bordj Bou Arréridj, pour ne citer que ces exemples, témoignent du bricolage par-ci et du rafistolage par-là qui caractérisent la construction du projet du siècle! Que dire alors du tronçon Dréan - El Kala (68 km) totalement à l'arrêt depuis...3 ans et dont le tracé s'impose comme l'exemple type d'une gestion chaotique avec laquelle une ville comme Annaba, quatrième du pays, est «effacée» du parcours pour des raisons obscures qu'il faudra bien un jour expliciter. Reste la question objective que tout le monde se pose, à quelques encablures de la saison estivale au cours de laquelle le rush des vacanciers va, comme c'est le cas durant chaque été, submerger la RN reliant Constantine à Skikda, notamment: contournement ou pas contournement? Pour l'instant, la promesse est de mise.