Le royaume wahhabite reste le pays qui a produit le plus de pétrole au monde en 2015, 10,29 millions de barils de pétrole brut par jour. Lorsque l'Arabie saoudite déclare que l'Opep ne doit pas réduire seule sa production pour faire face à la dégringolade des prix du pétrole, cela est légitime en soi. Quand elle augmente en même temps la sienne, cela devient suspect. Le chef de file du cartel qui continue à faire cavalier seul et de n'en faire qu'à sa tête a-t-il des desseins inavoués? Ce qui est sûr c'est qu'il n'obéit pas aux préoccupations des autres membres de l'Organisation qui n'ont d'autre souci que de voir les prix du pétrole se redresser. Une perspective qui ne reste possible que si l'offre diminue. Or cela ne semble point en prendre le chemin. Pourquoi? Pour la simple raison que l'Arabie saoudite continue à imposer son diktat. Alors que les cours de l'or noir demeurent plombés par une offre abondante, le Royaume wahhabite reste le pays qui a produit plus de pétrole au monde en 2015, 10,29 millions de barils de pétrole brut par jour tandis que ses exportations sont au plus haut depuis près de dix ans. «L'Arabie saoudite a exporté juste au-dessous de 8 millions de barils par jour en mars, son plus gros volume en plus de neuf ans», soulignent les analystes de Commerzbank. Une information à laquelle le baril n'est pas resté insensible. Si hier à Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet ne reculait que de 63 cents à 65,64 dollars par rapport à la clôture de lundi dernier, les cours de l'or noir ont par contre ouvert en nette baisse à New York. Le baril de light sweet crude (WTI) pour livraison en juin perdait 1,13 dollar à 59,11 dollars le baril sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), retombant sous le seuil des 60 dollars. «Le marché peine à aller plus loin car on se concentre de nouveau sur le niveau élevé auquel la production de pétrole continue de se trouver à travers le monde», expliquait Gene McGillian de Tradition Energy. «Sur ce plan, les investisseurs ont digéré l'annonce en début de semaine que les exportations de l'Arabie Saoudite, chef de file de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, avaient atteint leur plus haut niveau depuis 2005 en mars», souligne-t-on. Et si à deux semaines du Sommet de l'organisation des pays exportateurs de pétrole, tout indique que l'Opep se dirigera encore une fois vers le maintien de son plafond de production, cela risque d'empirer. Une option qui sera vraisemblablement défendue contre vents et marées par son chef de file à qui un baril à 20 dollars ne fait pas peur. Une situation qui risque de faire exploser l'Organisation des pays exportateurs de pétrole si les prix du brut venaient à s'enfoncer à ce point. Riyadh veut-elle flinguer l'Opep? Réponse: «Les Saoudiens parlent au nom de l'Opep (...) mais si le prix du pétrole tombe aussi bas (à 20 dollars le baril, Ndlr), ils pourraient faire face à une opposition (interne) qui serait dure à surmonter», avait prévenu l'analyste Connor Campbell de Spreadex. Le Venezuela, l'Iran et l'Algérie qui militent pour un baril à 100 dollars pourraient former le noyau dur de cette rébellion qui se profile. L'Algérie avait annoncé la couleur avant de lancer son offensive d'envergure pour rééquilibrer les prix du pétrole. «L'Algérie ne partage pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation (l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, Ndlr), selon laquelle l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même», avait indiqué le 27 décembre 2014, l'ex-ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Ce qui augure de robustes ruades dans les brancards. Dans quel état s'en sortira l'Opep? Réponse le 5 juin.