Pour faire une motion de soutien à Saâdani à la veille du congrès, le chef du groupe parlementaire, Djemai a convoqué hier les députés à une réunion en urgence. Véritable coup de théâtre à l'APN. Le FLN a créé la pagaille au sein de l'Assemblée populaire nationale. Après avoir investi le siège du parti dans la matinée, les opposants à la direction de Saâdani ont porté la contestation à l'intérieur de l'institution parlementaire. Ils étaient presque une centaine à crier haut et fort leur refus à la politique de la fuite en avant, adoptée par le secrétaire général du parti. «Saâdani dégage du FLN», «Le FLN appartient aux militants», «non au congrès de la honte», scandaient les députés. C'est la réunion du groupe parlementaire du parti convoqué en urgence par Mohamed Djemai qui a jeté de l'huile sur le feu. Pour faire une motion de soutien à Saâdani à la veille du congrès, le chef du groupe parlementaire, Djemai, a convoqué les députés à une réunion. Celle-ci s'est tenue en présence de Sadek Bouguettaya et du président de l'APN Mohamed Larbi Ould Khelifa. Or, cette réunion n'a duré que 10 minutes. Devant la démonstration de force des contestataires qui ont pris d'assaut la salle de réunion, les pro Saâdani ont été pressés de lever la réunion. «Pour prouver qu'il a l'appui du groupe parlementaire aux décideurs, Saâdani a appelé à la réunion du groupe parlementaire», nous confie un député bien informé de ce qui se passe dans les coulisses. Selon la même source, Amar Saâdani allait même se déplacer à l'APN, mais il a été avisé à la dernière minute de l'action de ses adversaires. «Le président du groupe parlementaire nous a informés de la présence du secrétaire général et du président de l'APN à la réunion», nous déclare Dalila Fourar, députée et ancienne mouhafedh de Béjaïa, avant d'ajouter: «Saâdani s'est rétracté à la dernière minute.» Ses adversaires jurent qu'il ne pourra jamais mettre les pieds à l'APN. «Saâdani a commis un drame au FLN en ramenant des criminels et des voyous», criait Amar Djilali, président de la commission juridique et administrative qui se plaignait auprès de Ould Abbas. «On refuse que le FLN soit pris en otage par des personnes indignes et on rejette le zaïmisme», a martelé Mme Fourar. Outrés par la violation du règlement intérieur par la direction actuelle, les contestataires promettent d'aller jusqu'au bout dans leur bataille. Le porte-parole du groupe politique composé par les contestataires, Youcef Naht, a lu une déclaration dans laquelle il a annoncé leur divorce avec la direction actuelle. «Nous dénonçons la gestion du parti par la direction de Saâdani et la violation des statuts du parti», a- t-il martelé. «Devant le refus de la direction de prendre en considération les revendications des députés et des militants du parti et sa détermination à tenir le congrès en dehors du règlement intérieur, nous déclarons que nous ne ferons plus partie de ce groupe parlementaire», poursuit le porte-parole des contestataires. Ce dernier promet que le groupe politique n'obéira plus aux instructions de la direction et continuera son action pour assainir le parti des intrus. Décidément, la crise se corse même au sein des institutions de l'Etat. Avec ce Xe congrès, le FLN risque sérieusement d'y laisser des plumes. A quarante-huit heures du rendez-vous de la Coupole, les esprits s'échauffent de part et d'autre en promettant un scénario inédit dans la maison FLN.