Face-à-face sous haute tension ramadanesque, à la cité des 310 Logements de Gué de Constantine. Des habitants ont coupé la route pour protester contre les désagréments que leur occasionne le quartier d'en face, dont les façades sont exclusivement occupées par des dépôts et magasins de commerce en gros. «Avec tous ses semi-remorques qui n'arrêtent pas de défiler de jour comme de nuit, c'est devenu insupportable, indique ce riverain. Il n y'a plus de route ici». La seule route qui dessert le quartier est en mauvais état, complètement défoncée, et les trottoirs disparaissent sous les gravats et les ordures. «Nous avons saisi l'APC plusieurs fois, mais cette dernière ne peut apparemment rien faire», s'indigne cet autre habitant du voisinage. Et de poursuivre : «Ces grossistes ne paient même pas leurs impôts. Le comble, c'est qu'ils se targuent d'être protégés par des généraux!» Un autre s'interroge: «Ces voyous-là seraient les protégés de l'ANP? Non, mais ils rêvent ou quoi?» Les désagréments que crée la circulation des camions sont aussi variés qu'innombrables. Ce jeune garçon a eu sept fractures consécutives aux bras et aux jambes. Trop souvent ces camions et fourgons heurtent des enfants sur cette route mal éclairée et dévastée. «Outre cela, s'emporte un père de famille, il faut signaler que ces grossistes brûlent leurs déchets juste devant cette route qui nous sépare. Imaginez les odeurs et la fumée.» Selon les locataires de la cité 310 Logements, beaucoup d'enfants sont atteints de maladies pulmonaires, des cas d'asthme sont fréquemment évoqués. Les locaux commerciaux et les habitations qui forment les étages supérieurs ont été bâtis en 93-94 sur des terrains à caractère social. En face, la cité 310 Logements abrite les délogés d'El-Hamma et de Belcourt. Les deux «camps» s'affrontent depuis des années et il semble que les habitants tentent de briser le cercle vicieux. On nous montre l'école du quartier, un tout autre problème. Sans électricité ni eau et avec les murs des classes qui menacent de s'effon-drer sur les élèves. Pour ne citer que cela. Pour le moment, le bras de fer est engagé, la route bloquée, et si quelque retard d'approvisionnement en huile californienne ou en s'men malien est constaté, vous savez au moins d'où ça vient. C'est déjà ça.