Après cinq jours de polémique, Lyes Salem a décidé de faire marche arrière en retirant son film franco-algérien du festival israélien d'Ashdod. Le réalisateur franco-algérien qui a lancé la polémique sur Facebook a choisi un autre moyen pour faire taire la crise, en envoyant une lettre à un groupe restreint de médias. Dans cette lettre le réalisateur s'excuse mais tente aussi de justifier son geste en appelant au rassemblement des cultures. Il affirme dans cette lettre qu'il ressent et comprend que cela ait pu choquer des gens qui se sont attachés à son oeuvre. «J'en suis sincèrement désolé. Mais il est primordial pour moi de rester fidèle à mes idées sans que des notions aussi attrayantes que l'argent ou la popularité ne viennent les entraver» a-t-il ajouté sans pour autant donner sa version des faits. Le cinéaste a avoué sa naïveté de penser que l'art et la culture peuvent encore faire bouger les lignes, avouant au passage qu'il n'a pas assez pris la mesure de cet appel au boycott culturel. Même si sa position est nuancée, le cinéaste a surtout voulu dédouaner sa productrice de la société de Dharamsala, précisant qu'elle n'est en rien responsable de cette sélection en festival. Cette polémique explose en Algérie au moment où en Suisse, plus de 200 cinéastes et professionnels de l'industrie cinématographique ont signé une pétition demandant au Festival de Locarno d'annuler la programmation d'un film israélien réalisé en partenariat avec l'Etat au travers de la Israël Film Fund. Parmi les signataires le réalisateur britannique Ken Loach, dont Lyes Salem a violemment critiqué la démarche dans sa page Facebook. D'autres cinéastes issus d'autres nationalités comme Mira Nair, l'Egyptienne, Sally El Hosaini ainsi que les cinéastes israéliens Simone Bitton, Eyal Sivan et Rachel Leah Jones étaient parmi les signataires, qui ont exprimé leur «profonde préoccupation quant au fait que le festival de Locarno, a choisi de s'associer avec l'Israel Film Fonds et le ministère israélien des Affaires étrangères, en dépit du fait qu'Israël a non seulement continué, mais intensifié son occupation, la colonisation et le nettoyage ethnique vieux de plusieurs décennies contre le peuple palestinien. Nous sommes particulièrement troublés sur le calendrier de cette décision du festival de Locarno de promouvoir Israël, peu après le dernier massacre israélien à Ghaza à l'été 2014, où plus de deux mille Palestiniens ont été tués, dont plus de cinq cents enfants. La décision de Locarno intervient également après l'élection du gouvernement le plus raciste d'extrême-droite de l'histoire d'Israël. Compte tenu de la belligérance actuelle présentée par Israël dans ses attaques brutales en cours sur des civils palestiniens et des infrastructures, justifiées par le même ministère des Affaires étrangères que vous avez choisi pour être un partenaire du festival, nous exigeons des organisateurs du festival de reconsidérer leur relation avec le gouvernement d'Israël et de retirer leur partenariat avec l'Israël Film Fund, du ministère israélien des Affaires étrangères et toutes les autres entités officielles israéliennes. Si l'idée est de soutenir les cinéastes israéliens individuels ou projeter des films israéliens, il y a beaucoup de façons de le faire, sans accepter de financement ou d'autres formes de soutien des organisations israéliennes de l'Etat et du gouvernement,» dit la déclaration. Lyes Salem signera-t-il cette pétition contre la présence des films israéliens au festival de Locarno et se joindra-t-il à cette centaine de cinéastes engagés contre l'insolence de l'Etat hébreu? L'avenir nous le dira! [email protected]