La mesure, effet boule de neige, risque d'entraîner des hausses de prix pour de nombreux produits de consommation quotidienne. La loi de finances 2005, outre l'enveloppe conséquente débloquée au service de l'aide à la relance, avec un exposé des motifs très détaillé, s'est longuement appesantie sur de nombreux «détails» qui ne laissent pas indifférent le simple quidam. C'est ainsi que dans le cadre de la préservation de l'environnement et de la réduction notable des taxes fiscales et parafiscales, le prix du carburant, pour la première fois depuis une dizaine d'années au moins, restera inchangé. Mieux, afin d'encourager la consommation du «sans plomb», le prix de celui-ci sera aligné sur le normal alors que jusque-là le litre dépassait d'un dinar le super, ce qui le rendait inaccessible pour presque tous les citoyens. Reste quand même à se demander si l'Etat saura satisfaire les besoins en ce produit, qui ne sauraient aller que crescendo à la faveur de cette baisse plus que notable. Le sans plomb coûtera donc à partir du premier janvier un peu plus de 21 dinars le litre alors qu'il était à plus de 23 dinars. L'article 28 de la loi de finances, qui évoque ce volet, très intéressant pour le citoyen, souligne en revanche une hausse notable dans le prix du gasoil. Nous pouvons lire, en effet, dans l'un des alinéas que «le relèvement de cette taxe pour le gas-oil induirait une augmentation de son prix de l'ordre de 5 dinars le litre à la pompe, ce qui induirait une plus-value de l'ordre de 18 milliards de dinars». Là encore, le risque est grand d'assister à un tollé quasi général au niveau de l'APN. Si la mesure paraît en effet «logique» jusqu'à une certaine limite, il semble que les pouvoirs publics, connaissent le «penchant» immodéré des Algériens pour le «diesel». Ce n'est pas tout. Il ne fait pas de doute, en outre, que le transport en commun risque de connaître une flambée sans précédent puisque les bus et les microbus marchent tous au gasoil. Il en va de même pour une bonne partie de l'industrie que l'Etat s'évertue à relancer pourtant. A moins que les pouvoirs publics ne prévoient des dérogations spéciales pour certaines activités spécifiques. Même l'électricité risque de coûter plus cher partant du constat que les centrales passent au diesel. Il en va de même pour le pain puisque cette denrée est, elle aussi, cuite au fuel. Sur un tout autre chapitre, le fameux amendement du mouvement El Islah, que le FLN et le MSP avaient soutenu, aura finalement vécu même si de par son application déjà, il n'a jamais été véritablement respecté. Il s'agit, comme de juste, de l'interdiction d'importation des boissons alcoolisées. Ainsi, l'article 50 du projet de loi de finances 2005, dont nous avons obtenu copie, prévoit-il que «l'interdiction de l'importation de vins de toute nature, introduite par la loi de finances 2004, va à l'encontre des engagements de l'Algérie en matière de commerce international, vis-à-vis notamment de l'OMC, la procédure d'adhésion de notre pays à cette organisation étant en phase finale». Le second alinéa ajoute que «cette interdiction est susceptible, par ailleurs, d'entraîner à l'encontre de l'Algérie des mesures de rétorsion au titre de la réciprocité de la part d'autres pays. Aussi, apparaît-il pertinent de procéder à son abrogation». Les arguments brandis, même s'ils risquent fort d'être attaqués par la mouvance islamiste, présente en force à l'APN, ne sauraient toutefois être battus en brèche tant ce courant politique demeure malgré tout attaché aux « bienfaits » du commerce, de la «libre entreprise» et de la «mondialisation économique». Il convient de souligner, comme rapporté à la suite de l'adoption de ce projet de loi en conseil de gouvernement, que des mesures fiscales très importantes ont également été prises en matière de location immobilière dans le but manifeste de venir à bout de la crise du logement en encourageant cette formule après l'échec de toutes les tentatives visant à résorber les déficits à travers la construction.