La ville de Tizi-Ouzou a été inondée de lait hier matin. Du lait gratis était servi pour tous les citoyens présents. L'opération a été organisée par les producteurs de lait qui manifestaient leur colère par ce nouveau mode d'action. Ils étaient déjà en grève illimitée depuis le 1er juin. Inquiets, car convaincus qu'ils en subiront bientôt les conséquences, les citoyens étaient tout de même heureux de recevoir du lait de vache cru sans passer par les produits chimiques des usines de transformation. Les agriculteurs étaient regroupés, très nombreux, au centre-ville munis de quatre grandes citernes remplies de lait de vache cru. Un stock accumulé depuis le début de la grève et que ces derniers ne voulaient pas déverser dans des oueds. Autant qu'il soit consommé gratuitement par les populations qui ont toujours fait la queue pour un sachet de mauvaise qualité. En fait, ce mode opératoire a été déjà utilisé par les acteurs de cette filière. Il n'y a pas longtemps, une marche a été organisée par les producteurs de lait accompagnés de leurs vaches dans la ville de Tizi Ouzou. L'action a regroupé des éleveurs de plusieurs wilayas du pays venus manifester leurs craintes de la faillite de leur filière. Hier, les représentants des producteurs qui affirmaient poursuivre la grève illimitée déclenchée le 1er juin dernier étaient catégoriques. Le mouvement se poursuivra jusqu'à la satisfaction des principales revendications. Les pouvoirs publics devraient au moins régler les grands problèmes qui risquent de faire disparaître la filière lait. Au premier plan de leurs préoccupations, les producteurs citent les prix d'achat de leur produit par l'Etat qui ne sont plus d'actualité avec la réalité du terrain. Le litre de lait de vache cru devrait passer à 100 dinars pour que l'éleveur puisse assurer son avenir. Cette année, beaucoup ont dû vendre leur cheptel à cause des prix exorbitants auxquels sont cédés le foin et l'aliment. Une botte de foin est cédée à 1000 dinars alors que le quintal d'aliment de bétail vaut 4500 dinars. Par ailleurs, des observateurs estiment que la grève illimitée des producteurs de lait risque d'avoir des conséquences néfastes si elle venait à durer dans le temps. La pénurie de lait en sachet devrait survenir au début du mois de Ramadhan, une fâcheuse éventualité pour les citoyens qui craignent pour les prix des produits agroalimentaires qui s'envolent généralement chaque année à cette période, une pratique pourtant ascétique de la religion.