La réunion de ce dimanche, non encore confirmée, sera décisive pour l'avenir politique du premier parti du pays. De sources proches du FLN, on apprend que son secrétaire général, candidat malheureux à la présidence de la république, a réuni ce dimanche les membres de son bureau politique. La rencontre, qui est la première du genre après la proclamation des résultats de ce scrutin, n'a donné lieu à aucun communiqué. Elle s'est déroulée, nous dit-on, dans un climat fortement houleux, et a duré bien plus de temps que prévu. Les présents, pour leur majorité du moins, se seraient montrés très durs envers leur secrétaire général, appelé, dit-on, à «assumer son échec politique». Il lui aurait ainsi été demandé «soit de démissionner tout de suite, soit de convoquer le comité central issu du septième congrès, comme l'y autorisent les statuts de ce parti, afin de sauver les meubles et de quitter le parti par la grande porte». Sadek Bouguettaya, député et président de la commission parlementaire en charge des affaires étrangères, que nous avons joint hier par téléphone, nous a confirmé l'évocation de la possible convocation de cette seule instance souveraine entre deux congrès, et que la justice n'a pas englobé dans la liste de ses «gels». Notre source, qui déclare «assumer bravement» ses positions, qu'il avait défendues sincèrement et sans arrière-pensées politiciennes, ajoute que jusqu'à présent, aucun contact n'a été établi avec les dirigeants du mouvement de redressement. Il n'y semblait toutefois pas foncièrement farouche. Abdelkader Hadjar, figure de proue du mouvement de redressement, soutient tout à fait le contraire. Dans la déclaration qu'il nous a faite, en effet, il a soutenu que «des contacts poussés ont lieu dans le but d'aller vers un congrès rassembleur dans les plus brefs délais». Il ajoute que «c'est Benflis qui pose problème. Son départ est absolument nécessaire pour préserver la cohésion des rangs et pouvoir aller dans les plus brefs délais vers un congrès rassembleur». M.Hadjar, pressenti pour jouer un rôle prédominant dans la geste de la crise du FLN post-élection, ajoute «ne trouver aucun inconvénient à prendre part à la réunion du comité central si elle venait à avoir lieu». Il ajoute que «seuls les membres du bureau politique actuel issus du 8e congrès sont indésirables au même titre que Benflis lui-même». Dans l'état actuel des choses, si les retournements de veste, «naturels» dans de pareilles situations, et plus encore pour un parti comme le FLN, restent très feutrés, il est difficile d'apprécier à sa juste valeur l'autorité que peut garder le secrétaire général du FLN sur ses troupes, plus précisément, sur les membres dirigeants et les élus de ce parti. Abdelkader Salat, son ancien directeur de campagne, admet dès à présent le départ de deux membres du comité central, passés dans le camp adverse. Mais la saignée doit être autrement plus importante, si l'on en croit les déclarations faites par Abdelhamid Si-Afif. Ce dernier, qui indique que «la quasi- majorité des membres du comité central du FLN issue du 7e congrès a basculé dans le camp des redresseurs», ajoute que «moins de 50 députés restent encore fidèles à Benflis, alors que ce chiffre est appelé à baisser régulièrement jusqu'à atteindre le stade de l'insignifiance». Si Afif, doyen des redresseurs, à qui le mouvement doit la plupart de ses acquis puisque cet ancien député de Mostaganem était entré en conflit avec Ali Benflis dès avril 2002, à l'occasion des législative durant lesquelles, s'indigne-t-il, «les cadres les plus compétents et les militants qui ont un poids véritables auprès de leurs bases avaient été écartés». Hadjar, de même que Si Afif, qui avaient eu quelques menus désaccords par le passé, soutiennent que «tant que le mouvement a résolument le vent en poupe, à la faveur des résultats de cette élection présidentielle, tous les moyens seront déployés dans le but de tenir notre congrès rassembleur dans les plus brefs délais». Un couple de mois semble être une durée raisonnable pour finaliser les préparatifs et aller vers ces assises, d'où personne ne sera exclu. Les prévisions les plus optimistes, donc, évoquent la fin du mois de mai, ou au plus tard le début du mois prochain, pour la tenue de ces assises censées, selon nos sources, «sceller la suprématie du FLN sur le restant des partis politiques d'une part, et l'alliance présidentielle d'autre part». Abdelaziz Belkhadem, coordonnateur national du mouvement de redressement ne voit pas les choses sous le même prisme. Il estime, en effet, mais sans grande conviction, que le congrès n'aurait pas lieu avant le mois de novembre prochain. Le délai paraît illogique pour un mouvement qui n'a jamais joui d'une conjoncture aussi favorable depuis sa naissance, d'autant que l'on évoque avec de plus en plus d'insistance la démission prochaine du président de l'APN, Karim Younès, ce qui aurait pour conséquence directe de précipiter le restant des «députés récalcitrants» dans les bras des redresseurs. Benflis, loin d'en démordre, maintient au contraire le cap. Dans une déclaration rendue publique, il condamne de nouveau «l'opération de spoliation de la volonté populaire». Il remercie encore tous les citoyens, cadres et militants qui se sont battus pour sa candidature et qui lui ont permis de mener une excellente campagne électorale, de l'avis de tous les observateurs, y compris ses adversaires politiques.