Le président iranien a revendiqué l'avènement de la République islamique dans son pays. L'Assemblée populaire nationale a été, hier, au rendez-vous d'un événement comme il n'en arrive pas souvent au sein de cette institution de la République. Les députés de la nation ont, en effet, reçu le président de la République islamique d'Iran. Les élus du peuple ne donnaient pas l'impression d'être spécialement pressés à accueillir l'hôte de l'Algérie. Ça discutait de tout et de rien dans les couloirs de l'APN. Venus en force pour assister au discours du président iranien, les députés de l'alliance présidentielle disent avoir apprécié le discours du président de l'Assemblée. Ce dernier qui n'a pas manqué de relever les acquis démocratiques de l'Algérie, n'en n'a pas moins affirmé que notre pays «suit avec intérêt la situation en Iran qui subit des pressions visant à entraver sa marche vers le développement scientifique et sa volonté de posséder les technologies modernes à usage exclusivement pacifique». Allusion on ne peut plus claire aux démêlés qu'ont les Iraniens avec les Etats-Unis par rapport à leur programme nucléaire. Dans la bouche du président d'une institution comme l'APN, ces propos sonnent, en effet, comme un soutien de l'Algérie à l'Iran sur ce dossier sensible. Cela dit, le discours d'Amar Saïdani a également évoqué les qualités d'homme de dialogue et de paix qu'est le président iranien, actuellement en butte au courant conservateur dans son pays pour qui, le dialogue des civilisations prôné par Khatami a un autre sens. Le président de l'APN a paraphrasé l'hôte de l'Algérie comme pour souligner l'attachement de ce dernier à un islam de tolérance et de dialogue .«Servir l'Islam de manière sincère, c'est reconnaître que la religion et les libertés sont indissociables», a déclaré Saïdani, reprenant Khatami. Dans son discours, le président iranien qui a évité de prononcer le nom de l'actuel guide de la révolution iranienne, Ali Khamanei, a revendiqué l'avènement de la République islamique dans son pays et évoqué l'ayatollah Khomeiny comme une personnalité qui a fait évoluer la société iranienne. Laquelle société, dira le président iranien, «a choisi la démocratie religieuse, comme voie» qu'il qualifie de «précieuse expérience» au plan national. Ce même peuple s'engage, selon l'orateur, dans une logique «dialogue des civilisations» sur le plan international. Lequel dialogue, soutient Mohamed Khatami, devrait avoir un sens concret. «Le dialogue des civilisations doit être promu en coopération positive» entre les deux camps. En termes de coopération, le président iranien a estimé qu'entre l'Algérie et son pays, celle-ci est appelée à s'intensifier, même s'il a affirmé être insatisfait du niveau d'échanges actuel entre l'Algérie et l'Iran. En tout état de cause, les relations algéro-iraniennes remontent au temps de la guerre de libération, signale Khatami, qui évoque une lettre écrite par Franz Fanon à un intellectuel iranien, le soutenant dans son combat, même s'il ne partageait pas ses idées. Une autre manière de dire qu'entre les deux pays, il y a une convergence dans l'objectif, même si les voies choisies ne sont pas les mêmes. En termes de coopération à proprement parler, l'un des artisans du rapprochement algéro-iranien, Abdelkader Hadjar, a annoncé hier la conclusion de 27 accords et 3 autres sont actuellement en pourparlers. Parmi les axes de coopération entre les deux pays, l'on notera des accords judiciaire et militaire. Sur ces deux sujets, tout en restant très discret, l'ancien ambassadeur a affirmé que beaucoup de choses concrètes ont été réalisées dans ces domaines. Par rapport au dossier du nucléaire iranien, Hadjar a déclaré que la question n'a pas été évoquée entre Khatami et Bouteflika, lors de la visite de ce dernier en Iran, mais n'a pas pour autant exclu l'éventualité que cette question ait été l'un des objets de l'entretien qu'ont eu hier les deux chefs d'Etat.