La montée au créneau des blouses blanches, des enseignants du secondaire, des travailleurs du Trésor et probablement ceux des impôts, fait craindre une paralysie totale de ces secteurs d'activité. Au vu des mouvements de grève synchronisés nous sommes réellement devant une rentrée sociale effective. L'effervescence du front social intervient à la veille de la réunion bipartite entre le gouvernement et la Centrale syndicale. Une rencontre décisive qui aura à se pencher sur des dossiers d'une extrême importance, à savoir celui de la Fonction publique et de la politique de privatisation entamée par le gouvernement. Aucun secteur n'est pratiquement épargné par la protesta sociale. La montée au créneau des blouses blanches (Fnts, Snasm, Snpssp), des enseignants du secondaire (Cnapest, CLA), des travailleurs du Trésor et probablement ceux des impôts, fait craindre une paralysie totale de ces secteurs d'activité. L'expérience de la dernière année scolaire est encore vivace dans l'esprit des parents d'élèves qui risquent encore une fois de vivre sur les nerfs, en voyant leur progéniture prise en otage sur l'autel de considérations pécuniaires de leurs enseignants. Loin de remettre en cause les revendications socio-professionnelles de ces derniers, il est tout de même utile de rappeler que le ministère de l'Education nationale a répondu à une partie de ces doléances, en procédant, notamment à l'augmentation de près de 100 % des salaires des enseignants, tous paliers confondus. Quant à la retraite après 25 années de service et la permanisation des milliers d'enseignants contractuels le ministère de l'Education nationale a été on ne peut plus clair : ces revendications sont du ressort du gouvernement, puisqu'il s'agit en premier lieu de revendications qui demandent un budget faramineux et auxquelles le ministère ne peut pas satisfaire à court terme. Les incessants appels au dialogue lancés par Boubekeur Benbouzid, y compris à l'adresse des collectifs enseignants non agréés, n'ont pas eu d'écho favorable de la part du Cnapest et du CLA. Ces derniers, à chaque début de rentrée scolaire, font du recours à la grève leur seul leitmotiv, au point de diaboliser le dialogue comme moyen approprié pour parvenir à un terrain d'entente. Une situation de fait accompli qui pénalise en premier lieu les élèves et embarrasse leurs parents, qui n'arrivent pas à comprendre les motivations de ces grèves cycliques. Il est certes vrai que la grève d'hier a été massivement suivie à travers le territoire national, mais n'est-ce pas là un atout à exploiter par les enseignants pour négocier leur plate-forme de revendications en position de force? D'un autre côté pourquoi les revendications du personnel enseignant sont confinées uniquement dans la sphère matérielle, alors que les conditions pédagogiques permettant un enseignement de qualité laissent à désirer? Le même constat concerne aussi le secteur de la santé où les premiers pénalisés ne sont autres que les pauvres citoyens. «Ils ont été en grève, tout en étant à leurs postes de travail», lance un patient rencontré à l'hôpital Mustapha et qui n'a pu, en raison du débrayage de la Fnts récupérer son bilan de santé, lui qui s'apprête à subir une intervention chirurgicale au courant de la semaine prochaine, dans une clinique privée d'une ville de l'intérieur du pays. Pis, on a même refusé de faire vacciner un nourrisson dans une clinique d'Alger sous prétexte du mouvement de grève. Une attitude irresponsable qui n'honore ni la profession et encore moins l'auteur de cet acte irresponsable et inhumain. Là aussi il est utile de rappeler que même si le droit de grève est consacré par la Constitution, il n'en reste pas moins que les syndicats du secteur de la santé doivent user de toutes les voies possibles avant de recourir à la solution extrême. Pour leur part les pouvoirs publics sont appelés à prendre au sérieux et dans les délais raisonnables les revendications des grévistes. L'agrément du Cnapest, à même d'offrir un cadre légal de revendication aux enseignants du secondaire est la meilleure façon d'amener les délégués syndicaux à privilégier la voie du dialogue. Ce qui est aberrant c'est quand deux ministères de la République se rejettent la balle, quant à leur responsabilité dans l'octroi dudit agrément. Un autre secteur et non des moindres à rejoindre la protesta c'est le secteur des Finances incarné par les travailleurs du Trésor et des impôts qui comptent faire plier leur tutelle, à travers une plate-forme de revendications très fournie. Un mouvement de grève qui touche un secteur névralgique et qui est susceptible de paralyser une grande partie de l'activité économique nationale. Un débrayage qui touche un secteur qui a enregistré près de 40 milliards de dollars de réserves de change. Comble du paradoxe.