Une poignée de main très fraternelle Cette alliance qui paraît contre nature, mais qui s'explique par les intérêts de l'un et de l'autre Etat, est une tentative de contrecarrer les plans des Etats-Unis dans la région. Les avancées obtenues dans le dossier du nucléaire iranien semblent avoir rapproché deux acteurs régionaux qui ne cachent pas leur crainte de voir l'Iran prendre une dimension importante dans la région. L'Arabie saoudite et Israël, c'est de ces deux pays qu'il s'agit, bravent le «tabou» et se concertent sérieusement sur le dossier iranien. Ainsi, les deux gouvernements n'en sont plus aux discours et collaborent secrètement. C'est ce qu'a révélé le magazine français Le Point sur son site interne. On y a apprend que l'ancien général saoudien Anwar Majed Eshki et l'ex-ambassadeur israélien à l'ONU Dore Gold, désormais nouveau directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères, ont eu des entretiens le 4 juin dernier. Cette séance présidée par Elliot Abrams, chercheur au Council on Foreign Relations - un think tank américain, «n'auraient pas participé à ces discussions et ne les auraient pas officialisées sans l'accord de leur gouvernement», estime M. Abrams. «L'influence grandissante de l'Iran dans la région est un sujet autrement plus brûlant aux yeux des deux pays. Par l'entremise du Hezbollah au Liban, de Bachar el-Assad en Syrie, du gouvernement et des milices chiites en Irak, ou des rebelles houthis au Yémen, la République islamique avance ses pions au détriment d'Israël mais surtout de l'Arabie saoudite, la grande puissance sunnite et rivale de l'Iran chiite dans la région», rapporte Le Point. Les Saoudiens et les Israéliens craignent par-dessus tout, une trop grande influence d'un Iran «débarrassé des sanctions internationales qui plombent son économie en raison de ses activités nucléaires décuplerait ses capacités d'influence régionale, au grand dam de ses rivaux directs, israéliens et saoudiens», note le magazine. Cette alliance, qui paraît contrenature, mais qui s'explique par les intérêts de l'un et de l'autre Etat, est une tentative de contrecarrer les plans des Etats-Unis et, ce faisant, apporter quelques «rectificatifs» au plan irano-américain. Ainsi, Le Point nous apprend que le Saoudien Anwar Majed Eshki a proposé à Washington un plan en sept points qui engloberait une paix globale entre les pays arabes et Israël. Mais l'Arabie saoudite conditionne cette paix par le renversement du régime des Mollahs en Iran. Les autres points subsidiaires, comme la création d'un Etat du Kurdistan, vise à consolider la mainmise de l'Arabie saoudite et Israël sur l'Iran. Les Israéliens qui se frottent les mains disent avoir découvert que les deux pays avaient «les mêmes problèmes, les mêmes défis et certainement les mêmes réponses» face à l'activisme de l'Iran dans la région. Les points de «divergences», comme le financement de Daesh par l'Arabie saoudite et l'occupation des territoires israéliens par Israël ont été «escamotés» pour mieux se concentrer sur le danger commun. Mais pour les Israéliens, ce n'est que le début. D'autres concessions et même des compromissions sont attendues de la part des Saoudiens.