Cette fois l'accusation est proférée par Turki al-Fayçal, ex-ambassadeur d'Arabie Saoudite, à New York, figure emblématique du wahhabisme et porte-parole officieux du trône. C'est à l'occasion de la 6e édition de la World Policy Conference qui s'est tenue à Monaco en présence de 300 faiseurs d'opinion et personnalités de haut rang du monde politique, diplomatique, économique, académique et de la presse au cours de laquelle le Moyen-Orient et les crises arabes ont occupé une bonne place. Parmi les conséquences des printemps arabes en 2011 qui ont fait bouger la physionomie politique et sociale de nombre de pays du Moyen-Orient et du Maghreb, l'apparition au grand jour de différends sunnito-chiites, en balbutiement depuis la chute du régime de Saddam Hussein en Irak. Le bras de fer s'est systématisé et exacerbé avec la crise syrienne qui a ipso facto révélé la toile de fond interreligieuse entre d'un côté les chiites, de l'autre les sunnites. Les premiers soutenant le régime de Bachar al-Assad, les seconds portant à bout de bras la rébellion sunnite mais surtout ses multiples composantes islamistes djihadistes, bien qu'elles soient affiliées à Al-Qaïda. Le prince Turki al-Fayçal, membre actif de la jet-set lorsqu'il officiait à Washington, actuellement président du Centre du Roi Fayçal pour la recherche et les études islamiques, ne s'est pas économisé pour essayer de faire porter le chapeau de la situation calamiteuse des pays musulmans à l'Iran chiite et à ses comparses du Hezbollah libanais! Il n'a pas été avare dans les accusations et diatribes au point de recevoir des félicitations appuyées de la part du député israélien Meir Sheetrit, ancien ministre en charge des Services de renseignements et ancien membre du cabinet retreint de sécurité en Israël. Celui-ci buvait du petit lait quand Turqui al-Fayçal, barbouze également pour le compte de son pays, passait à la moulinette l'Iran, le Hezbollah et le Premier ministre irakien, chiite lui aussi. Selon lui, Il suffirait d'écouter les prêches des imams chiites en Iran, dans les enclaves de Nasrallah au Liban ou en Irak pour entendre les bruits de bottes d'une guerre sunnito-chiite. Et d'ajouter que c'est l'Iran qui a des troupes en Syrie, c'est l'Iran qui a engagé le Hezbollah et les milices chiites irakiennes dans l'invasion de la Syrie, et c'est l'Iran qui a fait pression pour obtenir la nomination de Maliki à la tête du gouvernement irakien pour dénoncer cette attitude hégémonique "inacceptable" de l'Iran dans la région et ailleurs sur les terres d'islam. Pour convaincre ses auditeurs, le représentant des wahhabites a évidemment abordé le dossier du nucléaire iranien, prônant une dénucléarisation du Moyen-Orient. À cet égard, il est allé plus loin que les six qui ont conclu à Genève une sortie de crise au nucléaire iranien en soulignant que le problème du programme nucléaire iranien ne se limite pas uniquement au volet militaire, mais il se pose aussi en termes de sécurité, la population de certaines régions d'Arabie Saoudite étant exposée aux conséquences de tout accident qui pourrait survenir dans les installations nucléaires de l'Iran. Il a préconisé sur ce plan qu'une dénucléarisation du Moyen-Orient se fasse avec la garantie des cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui s'engageraient à assurer une "ombrelle de sécurité", comportant des sanctions non seulement économiques mais aussi militaires contre tout Etat qui ne se conformerait pas à ce plan. Le prince saoudien n'a pas soufflé mot sur les arsenaux nucléaires israéliens à la joie de l'ancien ministre israélien en charge des Services de renseignements et ancien membre du cabinet retreint de sécurité en Israël, qui a affirmé, sur un ton très sérieux, qu'Israël a contribué à la dénucléarisation de la région en bombardant les installations nucléaires en Irak et en Syrie. Le député de la Knesset a ensuite rendu un hommage remarqué au roi Abdallah, exprimant le souhait que l'Arabie Saoudite contribue à l'instauration d'une paix globale dans la région en jouant le rôle de catalyseur d'un rapprochement entre Israël et la cinquantaine de pays islamiques, un nouveau Camp David à l'échelle de la Ligue arabe. Le prince Turki est invité à s'exprimer devant le Parlement israélien. Il a eu un brin de dignité en disant qu'il faille auparavant qu'Israël règle le problème israélo-palestinien. "Après ce règlement, on verra", a-t-il déclaré. D. B Nom Adresse email