C'est dans les années 80 que l'Arabie Saoudite a acheté des missiles balistiques DF-3 de la Chine, mais elle ne les avait exposés au public que lors d'un récent défilé militaire. La possession par l'Arabie de ces missiles n'est un secret pour personne, mais l'exposition au public de ces armements, mardi dernier, a conduit les analystes à cette conclusion : celle que Riyad voudrait envoyer un message à son rival régional, l'Iran. Et ce, à un moment où la tension sur la Syrie s'est exacerbée entre les deux pays et les saoudiens ont ce sentiment qu'ils seront repoussés par la Maison Blanche, au vu des efforts qu'elle mène pour reprendre les relations avec l'Iran. Les experts militaires qui avaient suivi de près ce récent défilé militaire en Arabie sont d'avis que ces missiles qui n'avaient été désemballés, durant toutes ces dernières années, ont été exposées au public pour démontrer sa capacité à faire face à une éventuelle attaque balistique d'Iran. A ce propos, le quotidien Time écrit que les Saoudiens et les Iraniens sont, depuis longtemps, considérés comme des rivaux, mais leur rivalité s'est intensifiée ces dernières années. Les Saoudiens sont de confession sunnite et les Iraniens de chiite. Après l'offensive américaine contre l'Irak, ce dernier a été placé sous l'influence croissante de l'Iran. Les Saoudiens avaient déjà averti Washington contre le rapprochement des relations Téhéran-Bagdad en cas de la chute du régime sunnite en Irak et l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement chiite. En outre, le progrès nucléaire iranien a enregistré, ces derniers, un grand progrès, ce qui constitue un facteur d'inquiétude pour les Saoudiens. Sachant que l'Iran a toujours insisté sur la nature civile de ses activités en matière de nucléaire. Téhéran et Washington, ainsi que tous les pays européens, la Russie et la Chine sont actuellement en cours des négociations pour parvenir à un accord nucléaire. Ces négociations avancent bien et c'est cela qui inquiète l'Arabie Saoudite.Certains analystes disent que les Saoudiens n'ont pas beaucoup confiance en l'administration d'Obama. Selon eux, Riad a cette conviction que les Etats-Unis abandonneraient l'Arabie en cas d'accord avec l'Iran. A cet regard le prince saoudien, Turki al-Fayçal, ancien chef du renseignement saoudien dit : «Nous n'avons aucune animosité à l'encontre de l'Iran et nous ne voulons pas porter atteinte à ce pays ni à sa population musulmane. Mais nos besoins de sécurité régionale nous conduisent à établir un équilibre réel des forces, qui comporte le savoir-faire nucléaire aussi. Et nous devons avoir la capacité de contrer toute menace en matière du programme nucléaire iranien». Au cours de ces dernières années, l'Iran a plusieurs reprises exhibé ses capacités militaires, en organisant des man?uvres militaires. Mais le récent défilé militaire d'Arabie Saoudite, auquel avaient participé les commandants militaires de l'armée pakistanaise, comporte un autre message à l'encontre de l'Iran. Il consiste à suggérer que ces missiles balistiques, exposés au public, peuvent être équipés d'ogives nucléaires. Les rapports indiquent que les Saoudiens avaient contribué au programme nucléaire pakistanais et ne mènent aucun effort pour faire dissiper les rumeurs portant sur une coopération nucléaire entre l'Arabie Saoudite et le Pakistan. Les observateurs internationaux, dans une allusion à la présence des hauts responsables militaires pakistanais dans le défilé militaire d'Arabie, disent que cela montre que Riad entend créer l'image de sa coopération nucléaire pour la communauté internationale.Bien que les manœuvres militaires d'Iran et d'Arabie comportent des messages, mais la réalité est que le conflit entre Riad et Téhéran ne se limite pas au seul cas d'usage des missiles. L'Iran ne semble pas vouloir, indiquent les analystes, réagir au grand exercice militaire d'Arabie Saoudite. Mais, il y a un point qui peut faire réagir les Iraniens, ce sont les activités menées par l'Arabie Saoudite en Syrie, laquelle constitue la principale scène de combat entre Téhéran et Riad. Si l'Arabie Saoudite achemine, avec la coopération du Pakistan, davantage de forces extrémistes et d'armes pour seconder les groupes rebelles, là on peut s'attendre à une réaction de Téhéran.