Pour la seconde année consécutive, cette insigne consécration est revenue à une femme, qui plus est, du tiers-monde. Ce n'est pas sans surprise que la militante écologiste kenyane Wangari Maathai a été désignée, hier, lauréate du prix Nobel de la paix, en récompense de son engagement en faveur de la protection de la nature et de la promotion de la paix en Afrique. Il est vrai que de pareils engagements dans un continent déchiré par les guerres, la misère et le pillage systématique de ses ressources naturelles n'est pas une tâche de tout repos. Mme Maathai, actuelle ministre-adjoint à l'Environnement, aux Ressources naturelles et à la Faune sauvage au Kenya, devient ainsi la première femme africaine à recevoir cette prestigieuse récompense. Le Kenya, est-il besoin de le rappeler, recèle une des plus belles et plus grandes réserves naturelles existant encore dans le monde. Le comité norvégien, très regardant dans le choix de ses lauréats explique cette décision, vivement commentée dans les capitales du monde entier par «la contribution de Wangari Maathai en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix». Agée de 64 ans, Mme Maathai a fondé en 1977 le Mouvement de la ceinture verte, principal projet de plantations d'arbres en Afrique qui vise à promouvoir la biodiversité, tout en créant des emplois pour les femmes et en valorisant leur image dans la société. Biologiste et professeur, elle a été élue au Parlement kenyan en décembre 2002, avant d'entrer au gouvernement en janvier 2003. La remise officielle des prix a traditionnellement lieu lors de cérémonies à Stockholm et Oslo, le 10 décembre, jour anniversaire du décès, en 1896, de leur instigateur, le savant suédois Alfred Nobel. Il est à rappeler qu'une iranienne, femme de loi, engagée dans un épique combat contre le régime des Mollahs, Sherin Ibadhi, avait obtenu l'année passée cette insigne distinction. Côté littérature, le rêve aura été de courte durée pour notre Assia Djebbar nationale. Nominée en même temps que plusieurs auteurs, elle a finalement dû céder la distinction à l'Autrichienne Elfried Jelinek, 57 ans. Le jury explique ce choix par «le flot musical de sa voix et contre-voix dans ses romans et sa critique des clichés sociaux». Assia Djebbar, pour sa part, était pressentie pour cette distinction irremplaçable grâce à son chef-d'oeuvre, La Nouba des femmes du Mont Chenoua. Fair-play, elle a immédiatement réagi à l'annonce des résultats en reconnaissant «tout le mérite et le talent de l'écrivaine autrichienne». Le fait qu'Assia Djebbar ait été désignée parmi les lauréats potentiels est déjà une distinction fort importante, absolument inédite dans les annales littéraires algériennes.