Le président sortant, Hamid Karzaï, et son ancien ministre des Affaires étrangères, Abdullah Abdullah, s'affronteront le 7 novembre lors du second tour de l'élection présidentielle afghane, rendu nécessaire après l'invalidation de nombreux suffrages suspects en faveur de Karzaï. La commission électorale a annoncé, hier soir, que les annulations de bulletins de vote frauduleux ont fait passer M. Karzaï, jusque-là crédité de 54,6% des voix selon des résultats provisoires, à 49,67%, donc sous le seuil des 50% nécessaires pour être élu au premier tour. « L'élection va nécessiter un second tour. Il sera organisé le 7 novembre », a déclaré, deux mois exactement après le premier tour, un porte-parole de la Commission indépendante électorale (IEC) chargée d'annoncer le résultat du scrutin, Noor Mohammad Noor. Cette annonce a aussitôt été acceptée par le chef de l'Etat : quelques minutes plus tard, Hamid Karzaï a estimé que ce second tour constituait un « progrès pour la démocratie », au cours d'une conférence de presse. « Ce n'est pas le bon moment pour discuter des enquêtes, c'est le moment de progresser vers le stabilité et l'unité nationale », a-t-il poursuivi. « J'en appelle à notre nation pour en faire l'occasion de renforcer notre détermination, pour aller de l'avant et participer au second tour des élections », a souligné le président sortant. Abdullah Abdullah, son principal rival est d'accord pour qu'un second tour se tienne le 7 novembre, « conformément à la loi », a, d'autre part, déclaré son porte-parole, Sayed Fazil Aqa Sancharki. Lundi soir, la Commission des plaintes électorales (ECC) avait transmis les conclusions de ses enquêtes sur les nombreuses plaintes pour fraude à l'IEC. Les conclusions de l'ECC ordonnent à l'IEC d'annuler un certain nombre de bulletins de vote jugés frauduleux, sans préciser combien de voix chaque candidat perdait. Depuis le début du processus, les tensions sont fortes entre l'ECC, parrainée par l'ONU, et l'IEC, considérée comme soutenant le président sortant. « Le président Karzaï a rassemblé 49,67% des voix. Je ne peux rien dire concernant le score du Dr Abdullah. Nous l'annoncerons lors d'une conférence de presse demain » (aujourd'hui, ndlr), a déclaré, hier, Noor Mohammad Noor. Salutations de « l'Oncle Sam » Le président afghan a considérablement assoupli sa position depuis ce week-end, après d'intenses pressions internationales l'appelant à respecter le processus électoral, alors qu'il répugnait ces dernières semaines à l'idée de la tenue d'un second tour, selon des sources diplomatiques occidentales. Le président américain Barack Obama a très rapidement « salué » l'acceptation du second tour par Hamid Karzaï, évoquant un « précédent important pour la nouvelle démocratie en Afghanistan ». Pour autant, M. Obama n'a pas encore décidé s'il prendra une décision sur des renforts en Afghanistan avant le second tour, a précisé son porte-parole. Plus de 100 000 soldats étrangers, aux deux tiers américains, sont déployés en Afghanistan, où la situation militaire ne cesse de se détériorer. A Londres, le Premier ministre Gordon Brown a estimé Hamid Karzaï avait ainsi fait preuve de sa « stature d'homme d'Etat » et de ses « qualités de dirigeant ». L'organisation du second tour pourrait cependant s'avérer extrêmement compliqué, entre une insurrection islamiste qui a intensifié ses attaques ces derniers mois, le rigoureux hiver afghan qui rendra bientôt inaccessibles de nombreuses régions du pays, et le risque d'une participation encore plus faible qu'au premier tour (38,7%). Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a d'ailleurs prévenu, hier, qu'il y aurait « d'énormes défis » à relever pour le mener à bien et de façon satisfaisante.