Les questions migratoires qui se posent à l'Algérie s'imposent aussi à la Suisse Mme Muriel Berset-Kohen a proposé un éclairage exhaustif sur la contribution de la Suisse à la réintégration de 3 600 migrants nigériens rapatriés dans leur pays d'origine par l'Algérie. Dans un point de presse fait hier matin au siège de son ambassade à Alger, en présence de son homologue nigérien et du représentant du Croissant-Rouge algérien, Mme Muriel Berset-Kohen a proposé un éclairage exhaustif sur la contribution de la Suisse à la réintégration de 3600 migrants nigériens rapatriés dans leur pays d'origine par l'Algérie. Pour l'oratrice, deux facteurs militaient pour une telle initiative. D'abord, la réponse positive de l'Algérie à la demande des autorités nigériennes de rapatrier les migrants volontaires pour un retour au Niger, à Zender plus précisément et ensuite, la présence helvétique dans ce pays avec un Bureau de coopération au développement dont la mission se décline comme une contribution à la réduction de la pauvreté. Si l'on ajoute à cela le fait qu'un dialogue migratoire algéro-suisse existe, les conditions étaient déjà réunies pour que la Suisse joigne ses efforts à ceux du Niger et de l'Algérie pour que les migrants concernés trouvent cette fois des moyens de subsistance: «Si cela n'est pas le cas, la tentation de reprendre les dangereuses routes transsahariennes vers l'Algérie ou ailleurs est très forte. C'est donc en partenariat avec l'Organisation internationale des migrations (OIM) et avec la Haute Autorité pour la consolidation de la paix du Niger que nous soutenons un programme sur place.» Le but recherché consiste en la création d'activités génératrices de revenus pour les migrants rapatriés, parmi les plus vulnérables et en la mise en place d'un système d'épargne participatif afin que les projets puissent être durables. Ce programme prévoit aussi la formation de personnes qui apportent un soutien psychologique, tant la migration peut s'effectuer dans des conditions-là à la fois dures et traumatisantes: «La réintégration dans les communautés et l'acceptation par celles-ci des personnes retournées ne vont pas de soi. Enfin, afin d'avoir une meilleure connaissance du phénomène de ces migrations qui semblent venir de régions très spécifiques au Niger, une étude va également être conduite. Pour répondre durablement à cette situation, il faut bien la comprendre. J'espère maintenant que d'autres partenaires se joindront à nous pour soutenir ce programme de l'OIM. Pour mémoire, la Suisse est déjà présente dans la région où elle a concentré ses actions au sud du pays, à Dosso et à Maradi». L'ambassadrice nous apprend que son pays y est actif dans le domaine du développement rural, de l'éducation de base, de la formation professionnelle et dans la gouvernance locale: «Ce programme de coopération au développement représente environ 20 millions d'euros par an. Nous avons aussi un programme de sécurité humaine'' qui est complémentaire et qui vise à contribuer à la coexistence pacifique des populations. Sans paix, il n'y a pas de développement possible. Nous travaillons notamment avec la Haute Autorité pour la consolidation de la paix du Niger. La Suisse a identifié dans les années 1970 déjà, la zone sahélienne comme une zone fragile et c'est la raison pour laquelle, nous avons des programmes similaires dans plusieurs pays du Sahel: Niger, Mali, Tchad, Burkina Faso.» Dans son point de presse, la diplomate n'a pas manqué de souligner que les questions migratoires qui se posent à l'Algérie s'imposent aussi à la Suisse. Et elle en est vraiment convaincue, à plus forte raison lorsque les deux pays ont en face ce défi inextricable qu'irriguent la migration illégale et le trafic d'êtres humains. Pour elle, la réponse doit être solidaire, responsable et concertée: «Cela vaut pour l'Europe, notre continent, mais aussi pour les deux rives de la Méditerranée. L'Algérie était un pays d'émigration et de transit. Maintenant l'Algérie est en train de devenir aussi un pays de destination de la migration, car la situation en Algérie est meilleure de différents points de vue que dans de nombreux pays de la région. Donc les questions qui se posent à un pays comme la Suisse, dont 20% de la population est d'origine étrangère et qui accueille des migrants de différentes régions du monde, se posent aussi à l'Algérie maintenant. Encore une fois, il s'agit maintenant pour tous nos pays d'affronter ensemble cette situation. Le cas de la contribution de la Suisse à la réintégration des Nigériens rapatriés d'Algérie est un petit exemple de coopération.»