Le nombre de scandales a atteint un tel niveau que le chef de l'Etat a cru bon d'appeler à la rescousse la presse nationale. Le président de la République sollicite l'aide de la presse nationale pour combattre la corruption, le passe-droit, le favoritisme et autres effets néfastes qui sapent le moral des Algériens. Il le dit sans ambages et devant un parterre de personnalités nationales, les cadres de la Nation, le staff gouvernemental, les responsables des institutions étatiques et publiques, les dirigeants de partis ou encore les principaux responsables de la lutte anticorruption: «Il est important de poursuivre et d'intensifier la lutte contre les pratiques du favoritisme et les passe-droits, sources de frustration et de découragement, et contre la corruption dont les effets contribuent à saper gravement le sens et le goût de l'effort.» Selon le premier magistrat du pays, les organes de presse «ont un rôle important à jouer dans cette lutte». Ce n'est pas la première que le Président Bouteflika fait appel à la presse nationale. Durant son premier mandat, à l'occasion de ses multiples sorties à travers le territoire national, il avait publiquement recommandé aux citoyens «d'inonder les rédactions de journaux» du moins en ce qui concerne la presse publique, de «preuves tangibles de cas de corruption» promettant même leur publication. Aussi, face à cette gangrène, le Président appelle la presse à l'aider à l'éradication de ce phénomène. La lutte contre la corruption n'est pas une action nouvelle en Algérie. Mais depuis quelques années, celle-ci a pris une telle ampleur que toutes les mesures décidées par les pouvoirs publics n'ont pas réussi à l'endiguer ou à l'atténuer. Le nombre de scandales a atteint un tel niveau que le chef de l'Etat a cru bon d'appeler à la rescousse la presse nationale. Il faut aussi dire que les instruments de contrôle et de suivi mis en place depuis quelques années ont été inefficaces face au nombre ahurissant d'affaires de corruption étalées chaque jour dans la presse nationale. Les plus «célèbres» cas d'affaires de corruption qui ont défrayé la chronique judiciaire et médiatique en Algérie' sont les affaires Khalifa Bank, Bcia, BRC etc. Le secrétaire général du Syndicat national des magistrats (SNM), Djamel Aidouni, a fait part récemment de la menace qui plane sur les magistrats chargés d'instruire les dossiers liés à la corruption. Le juge Bouterfa Mourad a été le premier à tomber sous les balles assassines de cette mafia politico- financière. Selon certains témoignages, on aurait retrouvé tout près de son corps mutilé, des documents éparpillés près de la voiture. La victime avait pour mission de traiter des dossiers ayant trait à la corruption et à la dilapidation de deniers publics. En Italie, par exemple, ce pays qui est fortement secoué par des affaires de corruption, les juges chargés de combattre la corruption sont tous pourvus de gardes du corps payés par les contribuables et dotés de tous les pouvoirs pour enquêter ou chercher la vérité. Ce n'est pas, hélas, le cas en Algérie où le juge est constamment sur un siège éjectable et privé de tous les moyens nécessaires en mesure de faire éclater la vérité. Trois décrets présidentiels importants visant à moraliser la vie publique et à prémunir les commis de l'Etat et agents publics contre la «corruptibilité» et toute autre forme d'enrichissement illégal, ont été publiés au Journal officiel. Un des trois décrets fixe la composition, l'organisation et les modalités de fonctionnement de l'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (Onplc). Cet organe, présenté comme «une autorité administrative indépendante jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière», est placé sous l'autorité du président de la République. Mais le vrai problème de la corruption ne réside pas uniquement dans la création des structures anti-corruption, fussent-elles indépendantes. Le rôle d'une justice «impartiale, et plus indépendante dans ses jugements, une justice plus rapide aussi dans son fonctionnement», tel que l'a décrit le chef de l'Etat, est souhaitée réellement afin de devenir un véritable moteur dans la lutte contre la corruption. Ainsi, le président de la République n'a pas manqué de lancer un véritable clin d'oeil à la presse nationale lors de son discours: «La liberté de la presse, qui participe essentiellement de notre projet démocratique, sera pleinement respectée, l'Etat restant déterminé à agir pour faciliter davantage encore, et à tous égards, l'exercice et le développement de la profession.» Tel que décliné, l'appel du Président mérite d'être souligné car il semble dessiner le rôle prépondérant que doit jouer la presse nationale dans le prochain quinquennat. Dans cette perspective, cette mandature augure de bons rapports entre les médias et les responsables politiques.