La punition collective contre la population de Jabaliya entrait, hier, dans sa troisième semaine. Sharon avait réitéré lundi son refus de l'arrêt de l'opération punitive engagée depuis le 28 septembre dernier contre les populations du nord de la bande de Ghaza. Près de 120 morts ont été comptabilisés depuis le début de cette opération de représailles. Un bilan très lourd dont nombre des victimes sont des enfants et des femmes, des civils, ne portant pas d'armes. Une épuration à ciel ouvert qui a néanmoins laissé la communauté internationale insensible au sort d'une population palestinienne livrée au joug de la barbarie de l'armée israélienne d'occupation. Il aura fallu quinze jours à l'Union européenne pour enfin condamner Israël pour «la nature disproportionnée des actions militaires (israéliennes) dans la bande de Ghaza», et cela en nuançant à l'extrême cette condamnation, en réitérant le droit d'Israël à «protéger ses citoyens des attaques terroristes» sans, en parallèle, rappeler le droit des Palestiniens à ériger leur Etat et à vivre indépendant. Au contraire, l'UE appelle l'Autorité palestinienne à agir «fermement» pour faire cesser les attaques, feignant d'ignorer qu'Israël a déstructuré cette Autorité dont le président, Yasser Arafat, est prisonnier dans son QG de Ramallah depuis le 3 décembre 2001. Comment peut-on demander à l'Autorité palestinienne d'agir lorsque sciemment Israël lui a enlevé, ces quatre dernières années, tout moyen d'agir? C'est cela qu'il fallait faire ressortir. L'Union européenne renouvelle également son attachement à la «Feuille de route» plan de paix international parrainé par le quartette formé des USA, de la Russie, de l'ONU et de l'UE, indiquant «Le Feuille de route...est le cadre fondamental d'une résolution du conflit» mais, sans pour autant remettre en cause l'initiative unilatérale de désengagement, du chef du gouvernement israélien Ariel Sharon. Désengagement qui, en fait, remet en cause la «Feuille de route». Sharon a beau réaffirmé qu'Israël restait «toujours engagé» envers la Feuille de route, il n'en reste pas moins qu'on ne voit pas comment ce plan de paix pourrait être appliqué quand c'est Israël qui en dispose à son gré. Comment cela se peut-il aussi lorsque le désengagement d'Israël, des 21 colonies juives à Ghaza et de quatre colonies isolées en Cisjordanie, ne se fera, -si jamais cette initiative est menée à son terme-, qu'en automne 2005, date prévue pour l'érection d'un Etat palestinien, et l'existence de deux Etats, Israël et la Palestine. Or, selon les confidences de Dov Weissglass, conseiller politique d'Ariel Sharon, le plan de désengagement de Ghaza n'est que de la poudre aux yeux et est en fait «une tentative délibérée du gouvernement israélien de bloquer le processus de paix et d'empêcher la création d'un Etat palestinien en 2005, comme le stipule la feuille de route». De fait, avec le gel actuel du processus de paix, les représailles continues d'Israël contre la population palestinienne et surtout le fait qu'aucun article de la Feuille de route n'a, à ce jour, été mis en application, on ne voit pas comment le plan de paix pourrait être réalisé à temps et l'Etat palestinien proclamé à l'horizon 2005 comme le prévoit la Feuille de route. Depuis des années, Israël n'a fait que gagner du temps, empêchant par maints subterfuges, le processus de paix au Proche-Orient de se réaliser, et cela semble-t-il en plein accord et connaissance de cause des Etats-Unis qui ont appuyé l'initiative unilatérale d'Ariel Sharon. Car, en fait, le plan de paix n'est pas mené selon les exigences de la communauté internationale, représentée par le quartette, mais par Israël qui semble mener à sa guise toutes les opérations inhérentes au processus de paix. Mais c'est la situation dans la bande de Ghaza qui reste préoccupante, l'agence de l'ONU d'aide aux réfugiés l'Unrwa n'ayant pu mener comme il se doit ses opérations d'aide, du fait des obstacles érigés par Israël. De fait, le directeur des opération de l'Unrwa à Ghaza, Lionel Brisson, affirme: «La situation dans les camps est mauvaise (...) Nous ne sommes pas en mesure d'apporter le nécessaire», indiquant: «Les Israéliens invoquent des raisons sécuritaires pour justifier leurs bouclages à répétition qui étranglent la population», soulignant: «Je ne suis pas sûr que cette tactique va marcher, car elle affecte toute la population et rend les gens encore plus désespérés alors qu'ils sont globalement fatigués et veulent vivre en paix.» En fait, peu à peu Israël a transformé les territoires palestiniens en véritables ghettos rendant peu viable l'existence d'un Etat sur ces territoires. Et c'est là l'objectif premier de Sharon.