L'armée israélienne a réoccupé jeudi le Nord, tout en poursuivant son offensive sanglante et destructrice dans la bande de Ghaza. L'opération engagée par Israël contre la bande de Ghaza, entrée dans sa dixième journée, s'est poursuivie hier par des offensives contre différents objectifs à Ghaza. Ces offensives se sont soldées, hier et jeudi, par la mort de 29 Palestiniens - bilan à la mi-journée d'hier- au moment où l'armée israélienne faisait son retour dans le nord de la bande de Ghaza en réinvestissant cette zone frontalière avec le sud d'Israël. Il aura donc suffi de dix mois, depuis le retrait de l'armée israélienne, pour que l'on retourne à la case zéro, Israël prenant pour prétexte la capture du soldat Gilad Shalit pour revenir sur ses engagements et réoccuper la bande de Ghaza abandonnée en septembre de l'année dernière, notons-le, par la seule volonté de l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, depuis six mois dans le coma. Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, dans le collimateur des ‘'snipers'' israéliens, a beau dénoncer la «punition collective» dont est victime le peuple palestinien, cela n'aura pas d'incidence sur la réaction de la «communauté internationale» qu'il a appelée hier à «intervenir» aux fins, dit-il, d'arrêter «l'offensive israélienne». Un voeu qui, à l'évidence, demeurera pieux. Dans un communiqué, M.Haniyeh a en effet indiqué que «ce que fait Israël démasque son plan visant à réoccuper de larges secteurs de la bande de Ghaza, frapper ses infrastructures, imposer une punition collective contre notre peuple et l'affoler». Notons que l'entrée de chars israéliens dans le nord de la bande de Ghaza fait suite au feu vert donné mercredi par le cabinet israélien à son armée de réinvestir la zone frontalière. Jeudi, des chars, des unités d'infanterie et des bulldozers ont pénétré sur quatre kilomètres dans le nord de la bande de Ghaza, se repositionnant sur les sites de trois anciennes colonies israéliennes évacuées en septembre. Alors qu'Israël s'acharne depuis dix jours à tout détruire dans la bande de Ghaza, le Conseil de sécurité de l'ONU tente de mettre au point une résolution qui, il ne fait pas de doute, passera à nouveau, à côté de l'essentiel, la condamnation d'Israël pour les exactions répétées commises contre la population palestinienne et les biens et infrastructures palestiniens. Le projet de résolution présenté par le Qatar, membre arabe du Conseil de sécurité, n'a ainsi aucune chance de passer le veto américain, sur lequel s'appuie d'ailleurs Israël pour poursuivre dans l'impunité les représailles et les destructions à Ghaza. De fait, Washington -qui a qualifié le texte de la résolution «d'extrémiste et de non équilibré» car, selon les Etats-Unis, il n'évoque pas les tirs de roquettes contre Israël ni la libération du soldat israélien enlevé- fera usage de son droit de veto. Question: la démesure d'Israël dans les destructions et dans les assassinats ciblés, est-elle à contrario ''équilibrée ‘' et ''modérée'' en rapport avec leur motivation, la capture du soldat et les tirs de roquettes? Sûr de son immunité et de son impunité, Israël poursuivait hier ses exactions contre le peuple palestinien. De fait, le représentant d'Israël auprès de l'ONU, Dan Gillerman, pouvait affirmer hier, sans risque d'être démenti: «Je m'attends à ce que les Etats-Unis mettent leur veto, mais j'espère que ce ne sera pas nécessaire car beaucoup de pays, notamment européens nous ont informés qu'ils ne pouvaient accepter le texte du projet». Le projet de résolution soumis par le Qatar, demande qu'«Israël, puissance occupante, cesse immédiatement son agression contre la population civile palestinienne dans les Territoires occupés palestiniens, retire ses troupes sur des positions hors de la bande de Ghaza et libère tous les responsables palestiniens qu'elle détient». Le texte évoque également «la situation humanitaire épouvantable» des Palestiniens et appelle la communauté internationale à débloquer une aide d'urgence en leur faveur. Si le Conseil de sécurité, continue d'obéir aux desiderata d'Israël, par veto américain interposé, il n'en a pas été de même du tout nouveau Conseil des droits de l'Homme de l'ONU qui a condamné jeudi les opérations militaires israéliennes dans la bande de Ghaza, réclamant la libération des 64 responsables palestiniens arrêtés le 29 juin à Ghaza et en Cisjordanie par l'armée israélienne. Faute de consensus entre les membres du Conseil des droits de l'Homme sur le texte, celui-ci a été soumis au vote avec comme résultat 29 voix pour le document, 11 contre et 5 abstentions. Dans son intervention devant le Conseil, le rapporteur spécial a estimé que l'offensive à Ghaza était «moralement répréhensible». «Israël est manifestement en violation des normes les plus fondamentales du droit humanitaire et des droits de l'homme», a indiqué M.Dugard, alléguant de l'interdiction des châtiments collectifs. Déçus par la résolution, les Etats-Unis, qui ne font pas partie du Conseil, mais y assistent en tant qu'observateur, ont déploré, par le biais de leur ambassadeur à Genève, Warren Tichenor, qu'«une chance historique de traiter la question des droits de l'homme de façon juste, équitable, et équilibrée a débouché sur une mise en accusation du seul Israël». Certes! Mais, faut-il relever que les Etats-Unis, eux-mêmes n'ont à aucun moment, dénoncé l'arrestation des ministres, députés et maires palestiniens, alors qu'ils évoquent aussi facilement les droits de l'Homme, un leitmotiv éculé, quand il concerne les «autres», jamais alors qu'ils sont quotidiennement bafoués par Israël dans les territoires palestiniens occupés.