Le drame, qui a touché la capitale et qui a coûté la vie à plus de 1 000 personnes, aura un impact considérable sur le discours politique, lors des prochaines échéances électorales, plus particulièrement locales. En effet, ce drame aura permis aux citoyens de juger sur le terrain les élus, dont ils ont toujours contesté la présence et la gestion des affaires locales. Ce qui remet en cause aussi les équilibres politiques déjà existants et permet à certains partis éclipsés de reparaître et de s'illustrer sur le terrain. Cette catastrophe servira à coup sûr de lieu d'empoignades pour la prise politique d'Alger à l'approche des élections législatives. A ce propos, Bab El-Oued, le quartier le plus touché par les intempéries, sera, une nouvelle fois, au centre des débats dans la majorité des états-majors politiques. La place de son président, Balamane, un élu RND qui a rejoint les rangs du FLN, dont le cas est traité en haut lieu, est plus particulièrement visée. Parmi les candidats à la reprise de Bab El-Oued, le RND qui dispose déjà de 34 APC à Alger et dont la gestion est plus au moins rigoureuse. D'ailleurs, le parti d'Ouyahia qui ambitionne d'avoir la mainmise sur la capitale vient d'opérer une restructuration de ses assemblées populaires, en divisant Alger en trois zones et ce, pour mieux organiser les prochaines élections. La récente décision du wali d'Alger de reprendre la responsabilité des opérations aux présidents des APC touchés par la catastrophe et de les confier aux principaux walis-délégués de la capitale et au secrétaire général de la wilaya, démontre, si besoin est, la volonté du gouvernement de se débarrasser de ces élus qui endettent le pays et qui nourrissent la contestation populaire. La preuve de cette discorde entre le pouvoir et les élus, c'est l'exclusion de ces derniers des visites des représentants du gouvernement et du Président de la République sur les principaux sites de la catastrophe. Les partis les plus touchés, par les retombées politiques de cette catastrophe, sont le FLN, qui dirige les APC de Bab El-Oued et de Bologhine, mais aussi le RCD qui dirige l'APC de Hammamet et El-Biar ou encore le FFS, qui dirige la commune la plus touchée par ce drame: Oued Koriche, et dont les citoyens contestent sérieusement la gestion. Le RND n'est pas en reste, puisque plusieurs communes dont il a la charge sont sérieusement contestées par les citoyens. C'est le cas notamment de la commune de Bouzaréah. Quelles que soient les colorations de ces APC, les élus ne servent que leurs intérêts personnels. Devant cette déconfiture politique et de ces mauvaises gestions, il y a le retour des islamistes sur la zone la plus populaire de la capitale. D'ailleurs, les islamistes se font valoir à chaque fois qu'une catastrophe touche le pays. L'atout de la colère divine est, à chaque fois, ressorti pour tenter de faire de la récupération politique. L'exemple du tremblement de terre du 29 septembre 1989, qui a été soigneusement utilisé par le parti dissous pour rassembler son électorat et remporter les élections, en est la preuve la plus édifiante. Aujourd'hui encore, le MSP et El-Islah tentent, à leur manière, de récupérer cette détresse populaire à des fins électorales. Devant la douleur des citoyens et alors que les plaies sont encore béantes, certains partis n'hésitent pas à s'investir sur le terrain pour tenter de gagner le plus de voix pour les prochaines élections et mettre en place les bases d'un nouveau discours politique.