Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, en uniforme militaire, s'est rendu hier dans le nord du Sinaï, un déplacement qui intervient quelques jours après des attentats particulièrement meurtriers contre l'armée dans ce bastion des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Les militaires égyptiens mènent depuis deux ans des opérations à grande échelle dans le nord du Sinaï pour enrayer les attaques jihadistes visant les forces de l'ordre, qui se sont multipliées depuis que M.Sissi, alors chef de l'armée, a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013. «Le président Abdel Fattah al-Sissi inspecte les troupes des forces armées et de la police dans le nord du Sinaï», a indiqué la présidence dans un communiqué, précisant qu'il avait notamment visité l'un des points de contrôle de l'armée dans la région. La télévision d'Etat a montré des images du chef de l'Etat en uniforme militaire, inspectant des dizaines d'armes prises aux jihadistes. Ce déplacement, qui n'avait pas été annoncé, a lieu alors que des combattants de la branche de l'EI en Egypte ont lancé mercredi une série d'attaques contre des points de contrôle de l'armée dans le nord du Sinaï. Des affrontements sans précédent ont ensuite opposé jihadistes et soldats dans la localité de Cheikh Zouweid, tandis que des avions de combat F-16 de l'armée bombardaient des positions du groupe extrémiste. L'armée a fait état de 17 soldats et 100 jihadistes tués dans ces violences. Mais des responsables avaient auparavant annoncé la mort de 70 soldats et civils. «Jusqu'à maintenant, nous continuons de trouver les corps des terroristes de la dernière attaque», a affirmé M. al-Sissi lors de cette visite, dans des propos rapportés par un communiqué du porte-parole de l'armée. «Je suis venu saluer les héros des forces armées et leur exprimer ma reconnaissance», a-t-il ajouté. Des affrontements sporadiques ont encore lieu entre les jihadistes et l'armée. Dans la nuit de vendredi à samedi, trois civils, dont deux enfants, ont ainsi été tués dans la chute d'un obus sur leur maison à Cheikh Zouweid lors de tels combats. Et hier, un garçon de 5 ans a été tué dans l'explosion d'une bombe dissimulée en bord de route et visant des véhicules de l'armée et de la police à Rafah, à la frontière avec la bande de Ghaza palestinienne, selon des responsables. Trois autres enfants et une femme ont été blessés dans l'explosion. Les jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression qui s'est abattue sur les partisans de M.Morsi, et dans laquelle plus de 1400 personnes ont été tuées, en majorité des manifestants islamistes. La plupart des attentats meurtriers de ces derniers mois ont été revendiqués par la «Province du Sinaï», branche de l'EI en Egypte. Se faisant autrefois appeler Ansar Beït al-Maqdess, ce groupe a changé de nom pour bien marquer son allégeance à l'EI. Il a revendiqué des tirs de roquettes qui ont explosé vendredi dans le sud d'Israël sans faire de victime.