L'armée égyptienne a été la cible d'une série d'attaques simultanées revendiquées par l'organisation Etat islamique (EI) dans le nord du Sinaï, hier mercredi. Selon un premier bilan, les attentats ont fait au moins 36 morts parmi les soldats et civils, et 38 parmi les assaillants. Ces attaques sont d'ores et déjà les plus meurtrières subis par les forces de sécurité égyptienne dans la région, bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess affilié à Daesh, qui y a multiplié les attentats spectaculaires contre les forces armées depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi en 2013. Les attaques qui se sont produites près des localités d'al-Arich et de Sheikh Zuweid, dans le Nord-Sinaï, ont visé cinq check points militaires ainsi qu'un commissariat. Des témoins rapportent que l'attaque de grande envergure, les djihadistes combattant l'armée à l'aide de véhicules blindés, d'obus de mortier et de roquettes RPG. Au moins 70 assaillants ont attaqué les soldats. L'armée a dépêché des hélicoptères Apache et des F 16 qui ont bombardé des positions de l'EI dans le Sinaï. «C'est la guerre, la bataille se poursuit », a indiqué un haut responsable militaire. Dans l'une des attaques, menée avec une voiture piégée contre un check-point de l'armée au sud de Cheikh Zouweid, près d'Al-Arich, au moins 15 soldats ont péri, a dit un responsable de la sécurité. Ils ont également miné les abords du commissariat du Cheikh Zouweid pour empêcher l'arrivée de renforts, selon des responsables. Le Nord-Sinaï est le bastion du groupe Ansar Beït al-Maqdess qui s'est rebaptisé «Province du Sinaï» pour marquer son allégeance au «califat» auto-proclamé par le groupe ultraradical EI sur une partie de l'Irak et de la Syrie. Ces attaques ont eu lieu deux jours après l'attentat qui a coûté la vie au procureur général d'Egypte, Hicham Barakat, 64 ans, nommé après la destitution du Président élu Morsi et considéré comme un opposant acharné des islamistes. Si l'attentat n'avait pas été revendiqué, Ansar Beït al-Maqdess avait appelé il y a un mois ses partisans à s'attaquer aux juges en riposte à la pendaison de six hommes reconnus coupables d'avoir mené des attaques au nom du groupe. Les jihadistes disent agir en représailles à la sanglante répression contre les pro-Morsi qui a fait plus de 1.400 morts. Une vaste campagne militaire a été lancée contre les groupes extrémistes dans le Sinaï il y a près de deux ans, mais elle n'a pas réussi à mettre fin aux attentats. Selon les autorités, des centaines de policiers et soldats ont été tués depuis 2013. Après l'assassinat du procureur, le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée tombeur de Mohamed Morsi, a promis une législation plus dure pour «lutter contre le terrorisme». Les nouvelles attaques dans le Sinaï sont un nouveau coup au président Sissi, dont les forces de sécurité mènent une répression implacable contre les islamistes, mais aussi contre l'opposition de gauche et laïque. La confrérie islamiste de Mohamed Morsi a été classée organisation «terroriste» en Egypte et est accusée d'être derrière les attentats meurtriers de ces derniers mois ciblant les forces de sécurité, ce qu'elle nie.