La femme, l'éternelle victime... Les sénateurs ont-ils peur des islamistes? La vie et la sécurité de la femme ne semblent pas être une priorité pour nos sénateurs. La violence contre la gent féminine ne cesse de prendre des proportions alarmantes. Les femmes subissent toute sorte de violence dans un silence immobile. Une profonde crise morale s'est incarnée ces dernières années en Algérie. Le constat est effrayant, notamment au vu des chiffres des violences faites aux femmes, lesquelles coupent le souffle. Les bilans des services de sécurité indiquent que près de 100 femmes sont victimes d'homicide volontaire annuellement. La loi ne protège pas les droits de la femme. Face au blocage absurde du projet de loi sur les violences faites aux femmes au niveau du Sénat, le mouvement associatif féminin a organisé, hier, une conférence de presse, à Alger, afin de dénoncer et faire pression sur les autorités pour qu'ils réagissent et assument leurs engagements. En effet, une vingtaine d'associations, militant pour l'émancipation de la femme, l'aide aux femmes et enfants victimes de violences, la défense et l'égalité des droits, la protection et le développement ont dénoncé ce blocage, en s'interrogeant sur le silence incompréhensible de cette haute institution. Face à cette conjoncture, les militantes ont adressé une lettre argumentée et signée par toutes les associations féminines aux différentes institutions. Premier point relevé est de programmer en urgence cette loi au Conseil de la nation pour qu'elle puisse être votée. Les militantes présentes en force, ont rappelé que «cette loi a été proposée après les nombreuses demandes des associations de femmes pour lutter contre ces violences qui détruisent les femmes et les familles». Elles ont montré leur crainte et inquiétude face à ce désastre. «Aujourd'hui notre inquiétude est grande de constater qu'aucune date n'a été fixée pour son étude, alors que nombre de lois votées par l'APN bien après soient déjà adoptées par le Conseil de la nation». Actuellement, le pays n'est toujours pas doté d'une législation conséquente qui puisse mettre un terme à la violence contre les femmes, dont la violence sexuelle devrait être un élément essentiel. Il faut savoir que, la loi sur les violences faites aux femmes a été adoptée en mars 2015 par l'Assemblée populaire nationale. Cette loi a été transmise au Conseil de la nation pour débat et adoption, elle n'a jusqu'à présent pas été programmée dans l'agenda du Conseil. Inadmissible! La vie et la sécurité de la femme ne semblent pas être une priorité pour nos sénateurs. La question qui s'impose: Pourquoi ce projet de loi «urgent» est-il bloqué? Depuis l'adoption de la loi en mars 2015 par l'Assemblée populaire nationale, des campagnes au niveau des mosquées ont commencé à dénoncer. A leur tête l'association des Ouléma musulmans qui a fait beaucoup de bruit et qui a dénoncé l'avant-projet de loi en estimant qu'il contredit la Charia. Des intégristes ont lancé des campagnes sur les réseaux sociaux et sur les chaînes de télévision privées. La plupart d'entre eux ont semé la haine en criminalisant la gent féminine qui ne réclame que son droit d'être respectée et protégée par des articles de loi. En outre, lutter contre la violence dont les femmes et les filles sont victimes exige toutefois plus que l'adoption de lois pénales qui interdisent le recours à cette pratique. La banalisation et la grande tolérance de la société face à cette violence, a fait qu'elle est devenue le modèle d'impunité pour toutes les autres formes de violence. Dans le même contexte, la loi a pour but de sanctionner les agresseurs mais aussi de prévenir cette violence, de dissuader les hommes violents car si cette violence n'est pas prévenue, encadrée par un texte de loi et des mesures concrètes pour l'appliquer, on perpétue et aggrave le désordre social.