Redoutable attaquant et meilleur buteur au Havre AC doyen des clubs français fin 1957. Une des dernières apparitions avant le départ à Tunis pour rejoindre l'équipe du FLN historique. «L'équipe du FLN historique a fait avancer la révolution algérienne de 10 ans» Ferhat Abbas. Redoutable attaquant et meilleur buteur au Havre AC doyen des clubs français fin 1957. Une des dernières apparitions avant le départ à Tunis pour rejoindre l'équipe du FLN historique. Hélas! le cycle de la temporalité s'accomplit inexorablement dans la trajectoire naturelle de l'éphémérité d'ici bas qui ravit des successions d'êtres chers et des repères de gloire à l'affection des leurs et de la nation. Abderrahmane Soukane est de ceux-là, pour avoir marqué du sceau du sacrifice, du courage et de la dignité un parcours prodigieux pour le triomphe de l'Algérie à une étape cruciale et déterminante de son histoire. Natif d'El Biar où il a vu le jour le 13 Septembre 1936 et féru dès l'enfance de la balle ronde, il avait un style et un talent particuliers qui ont durablement suscité l'admiration de toutes les équipes adverses qui ne cessaient d'être séduites par une magie d'élégance dans l'art qui était le sien. Tout a commencé à la JSEB (Jeunesse Sportive d'El Biar) un club phare d'avant-garde nationaliste qui a été un véritable vivier de joueurs exceptionnels dont la devise était la victoire du club pour celle de l'Algérie à libérer du joug colonialiste. Ses performances techniques se sont précocement révélées par un don de la maîtrise du ballon qu'il apprivoisait en prestidigitateur du jeu de tête inégalé, doublé d'un attaquant redoutable et d'un dribbleur hors pair avec ses pointes de vitesse déroutantes. Ce qui lui a ouvert tous les horizons pour se retrouver en France où il imposa ses aptitudes d'élite et son professionnalisme au doyen des clubs français de notoriété qu'était le Havre AC. Ainsi, cette formation en pleine ascension ne pouvait se passer de son apport précieux et décisif pour l'adopter en mascotte de prestige et d'éclatantes victoires. Dans cette ville, il jouissait aussi d'une très grande considération et d'une popularité extraordinaire, devenu une «coqueluche» de la jeunesse havraise dont il était un signe de fierté d'un club adulé par ses légions de supporters. Et le voilà à la croisée des chemins en ces temps où le football était le sport roi de toute la planète qui avait un pouvoir de faire et de défaire des opinions publiques dans un monde en convulsions parsemées d'effervescence et d'injustice. C'est précieusement dans ce contexte de féroce colonisation de son pays, l'Algérie et de répression de son peuple que Abderrahmane Soukane répondit spontanément à l'appel du FLN historique pour déserter les clubs français et rejoindre en 1958 Tunis qui était à l'époque la capitale de la révolution algérienne. Sans hésitation aucune et avec enthousiasme lui et ses compagnons abandonnèrent instantanément leurs statuts de nantis, de privilèges et confort, leur logement de standing, leurs voitures de luxe pour rejoindre à Tunis le 15 Avril 1958 les rangs de l'Algérie combattante et en devenir les ambassadeurs du peuple algérien en lutte pour l'indépendance de leur pays. Ce fut la glorieuse épopée de la lutte de Libération nationale qui provoqua un tsunami politique au sein du gouvernement de la IVe République décadente pour transformer radicalement l'opinion de la communauté internationale à travers une démonstration impressionnante de mobilisation générale d'une nation toute entière derrière la direction de la révolution. Cet acte suprême de résistance et de sacrifice qui a laissé une empreinte indélébile dans la mémoire collective ne sera point oublié pour s'ériger en une forte symbolique de pérennité. Celle-ci incarnera désormais l'amour viscéral voué à l'Algérie par les meilleurs de ses enfants parmi lesquels l'étoile lumineuse que fut Abderrahmane Soukane et dont le souvenir sera perpétué par la jeunesse et la postérité. C'est en prélude à cet acte de mémoire que sa famille, ses compagnons, ses amis, ses admirateurs et des personnalités étaient très nombreux à la commémoration du 3e jour de son décès à son domicile de Ben Aknoun où il y avait foule parmi laquelle on pouvait distinguer la présence de son frère Mohamed Soukane affligé certes par la douleur, mais digne et serein pour recevoir avec l'amabilité chaleureuse qui lui est coutumière l'ensemble de ceux qui ont tenu à participer à cette ultime communion de la pensée au souvenir de l'illustre disparu. Des figures de célébrité du football algérien ont aussi réapparu à l'image de Assad, Iboud, Mechdel et d'autres joueurs de renom nombreux pour être tous cités ici. Le Pr Rachid Hanifi ex-président du Comité olympique était aussi présent à l'événement avec M.Berber Brahim le distingué époux de la regrettée talentueuse comédienne et icône nationale Fatiha Berber qui a passionnément participé à l'évocation du souvenir du défunt dont il était un proche. Dans ce contexte, la célèbre JSEB d'antan a ressurgi en la circonstance avec une forte présence d'anciens joueurs et dirigeants de ce club de réputation. Emouvante et belle symbolique de fidélité, d'amitié que celle que nous avions pu admirer en cette circonstance avec Mohamed Maouche et Mohamed Soukane qui comme toujours assis l'un à côté de l'autre ont méthodiquement déroulé la matrice mémorielle de pans entiers d'histoire d'un parcours glorieux du mouvement sportif national qui a porté haut à travers le monde la voix de l'Algérie en lutte et la justesse de son combat pour l'indépendance. Nous rappellerons à ce propos un souvenir vivace que Mohamed Maouche a tenu à évoquer pour la résurgence de moments poignants qui survivent toujours en sa pensée. C'est celui des tournées triomphales de l'équipe de l'Algérie combattante où les stades de Bucarest, Sofia, Pékin, Moscou étaient pleins à craquer par des foules de spectateurs qui applaudissaient avec frénésie le tandem légendaire Abderrahmane Soukane - Rachid Mekhloufi en action d'exhibition d'une complémentarité technique de jeu élevée et d'une savoureuse harmonie. Ce qui a été qualifié par Maouche appuyé par Mohamed Soukane de féeries artistiques qui subjuguaient des foules entières extasiées par la grâce et le talent unique des deux génies en mouvement devenus ainsi de véritables sorciers du ballon à la grande admiration des milliers d'adeptes du sport roi. Cette veillée du 3e jour du décès du regretté Abderrahmane Soukane a été un laborieux conclave de la mémoire collective où l'histoire du football algérien de la Résistance a été revisité. Ceci en présence de rares acteurs survivants d'une inoubliable épopée et dont le message très fort et pressant s'articule fondamentalement sur la pérennisation du souvenir de ce repère historique majeur qui demeurera un legs précieux à transmettre à la jeunesse et aux générations futures. (*) Président de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki. Casbah [email protected]