Au fur et à mesure que s'approche l'échéance décisive dans la vie du parti, les militants de part et d'autre prennent le mors aux dents. C'est au tour des légalistes de prendre le taureau par les cornes et d'engager une cinglante riposte, réconfortés dans leur démarche par les dernières décisions du coordinateur national qui fait la sourde oreille à ses détracteurs concernant son plan national de réconciliation. Ce dernier est vivement critiqué par les redresseurs dits libres qui l'accusent de favoriser les anciens défenseurs de Benflis. Le ministre continue sur sa lancée, à savoir oeuvrer pour la tenue du rendez-vous qui sortira le vieux parti de sa crise, en s'accrochant aux résolutions et recommandations du 7e congrès. Selon toute vraisemblance, Abada devient de plus en plus un personnage clé dans la tenue du prochain congrès qui ne saurait selon les pronostics être organisé sans une large adhésion de la base, laquelle est fortement sensibilisée par des émissaires très en vue recrutés parmi les parlementaires et des personnalités charismatiques du parti, afin d'arracher un large consensus qui devra le sortir de l'impasse. Il faut croire que le travail de proximité opéré par les envoyés spéciaux de Belkhadem commence à porter ses fruits même si l'agitation ambiante attise les doutes quant à la tenue imminente du congrès. Les conjectures convergent vers la réconciliation d'autant que la majeure partie des acteurs impliqués dans le processus de réunification des troupes fait son bonhomme de chemin nonobstant l'effervescence du groupe des redresseurs new look qui s'emballe, sentant le vent tourner. Ils risquent de ce fait de perdre pied et de voir leurs projets voler en éclats. Selon certaines indiscrétions, le deuxième parti au pouvoir n'est pas étranger à la tentative de déstabilisation du vieux parti. Ce dernier serait même derrière la requête faite par l'ONM, l'Organisation nationale des moudjahidine, introduite récemment auprès du gouvernement dans le but de récupérer le sigle du parti pour l'envoyer dans les arcanes du musée. L'organisation selon une source bien informée «compte batailler pour trancher le sort du vieux parti en décembre prochain, étant historiquement la propriété légitime de l'organisation». Cependant, les structures déjà en place, ont leur mot à dire sur cette question et se battent pour que le parti poursuive son parcours et ne succombe pas aux divergences personnelles. Il ressort en substance, selon des observateurs avisés que les anciens frères ennemis sont tombés d'accord sur la nécessité de faire face aux nouveaux trublions qui paniquent à l'idée d'être écartés des premières loges. On peut percevoir comme premier signe significatif d'entente, le gel de la liste des 48 membres dressée par Belkhadem, sous la pression du groupe des douze qui l'ont contestée. L'enjeu que représente cette liste dans la préparation du congrès bis est de taille. Il réside dans le fait que les commissions de wilaya auront pour tâche d'élire les congressistes qui devront à leur tour élire le comité central et la désignation du futur secrétaire général. La riposte vient d'ailleurs des structures locales qui peuvent contrebalancer la donne et faire tourner le vent, puisqu'elles font office de porte-voix de la base. Dans un communiqué au vitriol, la coordination des mouhafadhas de l'Algérois a réagi aux déclarations des redresseurs libres qui s'étaient insurgés contre le maintien du groupe de Abada à la tête du parti et exigeaient des ministres Belkhadem et Amar Tou de choisir entre leurs fonctions au sein du gouvernement et celles dont ils ont la charge au niveau du parti. Les membres de ladite coordination s'indignent contre «l'acharnement de certains individus qui veulent capoter les préparatifs du 8e congrès dit rassembleur». Ils expriment leur soutien indéfectible à la commission exécutive du parti issue du comité central du 7e congrès et ce dans le but de «colmater la fracture et souder les rangs afin d'arrimer le parti à bon port». Les rédacteurs du document mettent en exergue «les inquiétudes de la base concernant certains comportements qui affaiblissent le parti». Ils tirent à boulets rouges sur les redresseurs libres qu'ils qualifient «d'opportunistes et d'arrivistes qui n'ont d'objectif que celui d'assouvir leurs ambitions personnelles et leurs intérêts étroits loin de tout esprit de militantisme et des hautes valeurs qui caractérisent le vrai militant au sein du FLN». Les protestataires réitèrent leur soutien sans condition à la légitimité basée sur les textes réglementaires et ses structures officielles existantes tels les bureaux des kasmates, les mouhafadhas. Ils se disent ne vouloir travailler qu'avec «ceux qui prennent à bras-le-corps le destin du parti» tout en mettant en garde contre «les manoeuvres sournoises et les tentatives de mainmise sur la volonté des militants». «Nous sommes déterminés, ajoutent-ils, à affronter tous ceux qui veulent les écarter par des décisions verticales contraires à la déontologie et les pratiques politiques du parti».