Les nerfs à fleur de peau, les poches déjà vidées, les citoyens errent d'un endroit à l'autre de la ville à la recherche d'une éventuelle denrée à rajouter à leur menu. Les premiers jours du mois sacré se sont déroulés dans une ambiance mi-figue mi-raisin. La catastrophe naturelle qu'a connue le pays, conjuguée aux multiples maux sociaux, n'ont fait qu'accentuer la monotonie dont souffrait déjà la ville. Béjaïa, semble plus que jamais repliée sur elle-même. Le coeur n'y est vraiment pas cette année. Les nerfs à fleur de peau, les poches déjà vidées, les citoyens errent d'un endroit à l'autre de la ville à la recherche d'une éventuelle denrée à rajouter à leur menu. Il faut dire aussi, que malgré tout, la traditionnelle zalabia a toujours une place privilégiée, d'autant plus que le «qalb El louz» (sans louz bien sûr) a atteint les proportions alarmantes d'une inflation sans pareille. A 35 DA le morceau, il en dissuade plus d'un à s'approcher de lui... Ménagères ou pas, les femmes à Béjaïa, ont, pour cette fois-ci, apprivoisé les grossistes. Une autre astuce en plus afin d'acheter plus et au moindre prix. Vous les verrez, dès les premières heures de la journée, panier au bras errant d'un magasin à l'autre, voire d'un marché à l'autre, à la recherche qui d'un morceau de viande pour la chorba, qui d'un paquet d'herbe ou d'une douzaine de diouls. Les transports publics, étant en nombre suffisant pour la ville de Béjaïa, malgré la bousculade des dernières minutes, desservent tous les coins de l'agglomération à longueur de journée, et reprennent leur service juste après le f'tour. Ce qui permet aux familles de sortir le soir et met fin aux aléas des déplacements lointains. Après la prière d'El Icha et les taraouihs, la ville reprend donc un semblant de vie nocturne. Les cafés et les nouveaux salons de thé, semblent les endroits les plus appréciés, tandis que les animations culturelles battent de l'aile. Un début donc fort timide pour le mois sacré du Ramadan 1422. La cité des Hammadites, à l'instar des autres villes du pays, compatit à la douleur des familles sinistrées et respecte la mémoire des disparus. «Le coeur n'y est vraiment pas pour cette année... nous dira Khalti Baya, une vieille citadine... d'habitude, le mois de la rahma ramène avec lui la baraka des ancêtres, et déploie autour de nous ses bienfaits... pour cette année, nous sommes trop tristes pour faire la part des choses...».