L'Etat est en train de commettre les mêmes erreurs qu'en Kabylie, selon ce parti. «Le FFS ne fait pas dans la récupération politique, nous ne sommes pas en train d'exploiter quoi que ce soit à Ghardaïa». Le premier secrétaire national du Front des forces socialistes, M. Ali Laskri, qui s'exprimait vendredi soir à l'occasion de la conférence témoignage sur le mouvement de protestation à Ghardaïa organisée au siège du parti, répondait aux autorités officielles ayant accusé ce parti d'être l'instigateur principal de ces évènements. Le FFS dénonce cet état de fait, rendant le «pouvoir» comme l'unique responsable de cette situation. «Le pouvoir maintient obstinément la loi sur l'Etat d'urgence pour opprimer toute contestation sociale», ajoute-t-il. Le rôle du FFS s'est limité, à en croire le conférencier, à «des initiatives de médiation», entre les protestataires et les autorités locales. «Avec le refus du wali d'accueillir les commerçants, nous étions dans l'obligation d'intervenir pour essayer un tant soit peu de désamorcer la crise». Le FFS parle d'une dissidence citoyenne pacifique et accuse l'Etat d'agir contre la société. M.Kameleddine Fekhar, premier secrétaire fédéral de Ghardaïa et l'un des «hommes recherchés par la justice», a tenu à apporter son témoignage. A ce sujet, il pointe un doigt accusateur sur le wali de Ghardaïa. Les commerçants l'ont sollicité le 3 octobre, au lendemain de la visite de la commission mixte «gendarmerie et brigade de contrôle des prix», et sa décision de saisir la marchandise non facturée. Quelle a été sa réponse? «Wallah Mandji». Le conférencier est ferme: «C'est ce comportement irresponsable qui a exacerbé la colère des citoyens», menaçant ainsi le calme précaire qui régnait sur la ville. «Les commerçants attendaient le wali, on leur a envoyé les brigades anti-émeute». Pour ce fédéral de Ghardaïa, l'Etat est en train de commettre les mêmes erreurs qu'en Kabylie, «en usant de la force publique contre un mouvement pacifique». «Les gens étaient matraqués, insultés». Document à l'appui, il cite même des «cas de torture», «d'abus d'autorité». «On a fait déshabiller des gens en plein espace public». «Pourquoi tant de haine?». Des cinquantaines des détenus, 11 ont été inculpés à des peines de prison ferme mardi par la chambre correctionnelle du tribunal de Ghardaïa. Le FFS accuse le pouvoir de vouloir créer une crise entre les différentes communautés qui cohabitaient parfaitement jusqu'ici à Ghardaïa. «Comment expliquer dans ce cas le fait que tous les détenus soient des Mozabites?». Par ailleurs, l'on note que des militants du FFS et de la Ligue des droits de l'homme passeront au mois d'avril en criminelle. Là, les peines risquent d'être très lourdes. Evoquant cette question, Maître Ben Issad, avocat du parti, a précisé que, «l'Etat a transgressé ses propres lois». A ce sujet, il explique que le dispositif pénal sépare l'attroupement armé et l'attroupement non armé. «Dans le deuxième cas qui nous intéresse, sachant que les commerçants ont entamé une action pacifique, les forces de l'ordre sont instruites à procéder à des tirs de sommation, en présence du wali et du chef de daïra avant de décider d'investir les lieux». «Procédure non respectée», ajoute-t-il, «sachant que le wali a refusé de se déplacer».