Abdelkader Messahel, ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe Sociologue et spécialiste des mouvements islamistes, Ahmed Rouadjia approuve la proposition de Messahel. Le ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe, Abdelkader Messahel, a affirmé avant-hier, à Alger, que l'absence de l'Etat favorise grandement l'enracinement du terrorisme. «Le terrorisme se développe très vite dans le chaos», a-t-il souligné. Et pour lutter contre ce fléau devenu international après avoir été confiné dans des territoires géographiquement limités, le ministre a parlé de la démocratisation de la société et la consécration de l'Etat de droit. «La démocratisation est un facteur réel de déradicalisation parce que la démocratie se fonde sur des valeurs universelles, ensuite suivra l'acceptation de l'Autre en éloignant l'exclusion et l'exclusif», a-t-il soutenu. Mais cette profession «messahlienne», bien qu'elle suggère un déficit démocratique en Algérie, un aveu rare chez nos ministres, doit être confortée de façon consistante. C'est du moins ce que pense Ahmed Rouadjia, sociologue et spécialiste des mouvements sociaux, notamment islamistes. En effet, selon lui, ce sont les politiques de l'Etat qui ont favorisé l'émergence de l'islamisme en tant que mouvement social et de son corollaire le terrorisme. Ainsi, pour l'auteur de Les frères et la mosquée, ce n'est pas l'absence de l'Etat qui favorise le terrorisme, mais ce sont bel et bien les Etats qui en font la promotion. Citant, à titre illustratif, la crise de Ghardaïa qu'il lie directement au phénomène terroriste, il s'est interrogé: «Qui est derrière ces luttes fratricides? Qui a intérêt à les susciter en y attisant le feu de la haine et de la passion entre deux communautés issues historiquement de la même nation? Peut-on en imputer la responsabilité à un seul facteur ou à quelques facteurs déterminés?» Pour Ahmed Rouadjia, «à toutes ces questions, la réponse ne saurait être tranchée, mais les forces occultes qui travaillent au déchirement du tissu social local, de manière à le détacher de l'Etat-nation pour mieux l'affaiblir, sont multiples et relèvent à la fois du «national» et de l'«étranger. Néanmoins, M.Rouadjia approuve l'impératif de la démocratisation comme étant la seule voie valable pour éradiquer le terrorisme, mais ne se limite pas aux seuls éléments proposés par Abdelkader Messahel et qui consistent en la mise en place d'un système de bonne gouvernance et d'un Etat capable d'appliquer les lois de la République et préserver les droits de l'homme et du citoyen. Selon Abdelkader Messahel, «il faut un Etat capable d'appliquer les lois de la République et préserver les droits de l'homme et du citoyen». Car, a-t-il indiqué, «la déradicalisation s'impose dans ce cadre comme une entreprise fondamentale qui concerne toutes les dimensions de la vie politique, économique, culturelle, cultuelle et sociale et qui interpelle tous les segments de la société, au plan interne et toute la communauté internationale au plan externe.» Mais, pour M.Rouadjia, rien n'est possible sans aller vers une démocratie effective et une association massive du citoyen à la prise de décision dans tous les secteurs. «Rien n'est possible dans la lutte antiterroriste et la déradicalisation sans la participation massive de la société civile et son adhésion morale à l'entreprise», tranche-t-il... Concernant son constat sur l'Algérie, Abdelkader Messahel s'est montré satisfait des résultats atteints et des efforts déployés par l'Etat. «Une profonde et multidimensionnelle politique de déradicalisation qui a sensiblement contribué à l'affaiblissement des groupes terroristes, à discréditer leurs discours et idéologies extrémistes et à leur rejet par la population et l'assèchement de leurs sources de recrutement a été mise en place» a-t-il dit en expliquant que c'est pour cette raison qu'Alger a été choisie pour la tenue de cette conférence internationale. Ahmed Rouadjia ne partage pas l'avis du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes. Selon lui, c'est exactement le contraire qui est aisément observable en Algérie, l'islamisme gagnant de plus en plus de terrain et s'érigeant chaque jour un peu plus en norme sociale. Et voilà donc le débat lancé sur une question hautement sensible. La voie de la déradicalisation prônée par les autorités algériennes par le biais du ministre des Affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue arabe va-t-elle conduire l'Algérie et, à travers elle, le monde vers la paix? «Les Nations unies nous ont encouragés à tenir cette réunion parce qu'elles considèrent qu'il y a de bonnes pratiques dans le domaine en Algérie qui seront codifiées à l'avenir», a rassuré Abdelkader Messahel.