Anys Mezzaour au Feliv 2015 Rencontré au stand de l'Enag Editions, samedi 25 juillet au Feliv 2015 (Esplanade de Ryadh el Feth à Alger), l'auteur Anys Mezzaour, âgé de 18 ans, m'a agréablement surprise par la vivacité de ses propos sur le thème de son roman «La Proie des Mondes». Comme il terminait sa séance de dédicaces à ses nombreux lecteurs autour de lui, j'ai aussitôt engagé avec lui l'entretien que voici: L'Expression: Anys Mezzaour, vous êtes un jeune auteur, d'abord, par l'âge et «La Proie des Mondes» est votre première oeuvre. Racontez-nous ça. Anys Mezzaour: J'ai publié mon premier roman, «La Proie des Mondes», en 2013, à l'âge de 16 ans. J'avais commencé à l'écrire à 11 ans. C'est parti d'une idée qui est progressivement devenue une page, puis un chapitre et finalement un roman. Je baigne dans un environnement intellectuellement riche depuis mon enfance qui m'a permis de développer mes propres idées, mon propre style. Mon écriture est donc empreinte à la fois de connaissances acquises au cours de mon parcours éducatif, mais aussi de la fraîcheur de la jeunesse. C'est ce qui plaît sans doute aux lecteurs. Vous avez publié à l'Enag Editions, un roman «La Proie des Mondes». Vous introduisez dans la littérature algérienne un genre, à tout le moins, méconnu. Pouvez-vous nous en donner une brève définition? Mon roman est du genre «fantasy». La fantasy est née dans la littérature britannique du XIXème siècle. Elle caractérise un récit fictif faisant intervenir le surnaturel (souvent la magie) dans un univers totalement imaginaire. Elle se distingue en cela du fantastique qui fait intervenir le surnaturel dans le monde réel. La littérature fantasy est souvent composée de sagas (dites «cycles»). On peut citer par exemple «Le Seigneur des Anneaux» de Tolkien. Cependant, dans la littérature arabe ancienne, on peut retrouver quelques aspects du genre que j'évoque devant vous. Pourquoi avez-vous choisi ce genre littéraire? Et qu'elle a été votre rencontre avec le public lors du Salon international du livre d'Alger 2013, au Salon du livre de Paris en 2014, et samedi 25 juillet 2015 au Feliv à Ryadh el Feth à Alger? L'écriture dans le genre de la fantasy m'est venue spontanément car elle laisse à l'auteur une très grande liberté créative. Il n'y a clairement pas de limite dramatique dans la fantasy, tout peut être imaginé: des tours de plusieurs kilomètres de haut, des personnages issus du bestiaire merveilleux tels que les trolls et autres goules, et même des voyages dans le temps, thématique qui est au centre de ma trilogie intitulée «Le Lien des Temps». J'aimerais rappeler que «les goules» existent dans les contes de notre enfance. «El Ghoûl» et «El Ghoula», sont souvent des personnages centraux dans les contes de nos grands-mères. De mon roman «La Proie des Mondes», j'ai réalisé plusieurs ventes-dédicaces depuis sa publication. L'accueil du public, qui découvre pour la première fois ce genre dans le paysage littéraire algérien, a été très positif. Je suis toujours ravi de voir que les gens s'intéressent à la jeune littérature algérienne francophone. Quelle est donc la trame de votre roman «La Proie des Mondes»? Et quel message voulez-vous adresser aux jeunes Algériens et aux adultes, bien sûr? «La Proie des Mondes» raconte l'histoire d'un jeune garçon, prénommé Bill, qui vit dans un monde parallèle au nôtre et où la magie existe. Tout le roman tourne autour de son affrontement avec Bauxite, l'ennemi publique N°1 du pays dans lequel il vit, avec une chute finale dans l'intrigue. Je veux dire aux jeunes compatriotes, mais aussi aux adultes que l'écriture est à la portée de tous, il n'y a pas de déterminisme. Ecrire, c'est toujours voyager dans un autre monde, le monde de l'imaginaire, et finalement transporter avec soi son lecteur. Au demeurant, c'est ainsi que l'on construit son pays et que l'on accède à l'universel. Nous espérons vivre dans un monde ouvert à l'intelligence et à la création. Est-ce un roman algérien que vous avez écrit? C'est une très bonne question! On m'a parfois reproché la consonance étrangère des noms et prénoms de mes personnages, à tort ou à raison. Selon moi, l'écriture ne doit pas avoir de barrière culturelle ou géographique. Nous lisons tous des écrits d'auteurs français, américains, britanniques, russes, allemands ou chinois, mais aussi algériens, égyptiens, libanais. C'est à la recherche de ce cosmopolitisme que je revendique, que j'ai naturellement imaginé une toute autre planète pour y faire évoluer mes personnages aux noms multiples. Il y a néanmoins beaucoup de l'Algérie dans mon roman puisqu'une bonne partie de l'intrigue s'y déroule et que l'un des personnages principaux est algérien. D'ailleurs, je vois aussi dans la nouveauté du genre une référence directe à nos valeurs révolutionnaires. Je vous demande une faveur: pouvez-vous nous dire quelques mots sur votre prochain roman dont on dit qu'il paraîtra bientôt à l'Enag Editions? Le tome 2 de la trilogie est intitulé «La Terreur des Mondes» et paraîtra je l'espère bientôt aux éditions Enag. C'est la suite directe de «La Proie des Mondes» dramatiquement et chronologiquement. Son intrigue est beaucoup plus épique et grave que le premier à mesure que la psychologie des personnages s'étoffe, d'où son titre: «La Terreur des Mondes». Le premier tome constituait la base de la trilogie, c'était en quelque sorte les fondations de l'édifice; ce deuxième tome en sera la charpente. J'assure d'ores et déjà aux lecteurs que le récit les tiendra en haleine du début à la fin. Il n'y a pas de répit quand on est plongé dans un monde aussi complexe et prodigieux que celui de cette trilogie.