Un nouvel otage, japonais, a été enlevé hier. Alors que le sort de Mme Margaret Hassan, responsable en Irak de Care, organisation caritative internationale, demeure inconnu, un routard japonais est enlevé, hier, par un groupe se revendiquant de la mouvance d'Abou Moussab Al-Zarqaoui, qui menace de l'exécuter. De fait, plusieurs otages, dont deux journalistes français, sont actuellement aux mains des kidnappeurs, se réclamant des groupes de «l'Armée islamique en Irak» et d'Al Qaîda du jihad en Irak (nouvelle dénomination du groupe d'Al-Zarqaoui, Tawhid wal Jihad). Des diplomates japonais en poste à Bagdad se sont immédiatement mis en contact avec le gouvernement intérimaire irakien dans l'espoir de faire libérer leur compatriote. «Nous sommes en train de développer nos recherches et d'avoir des contacts avec le gouvernement (irakien)» à déclaré un responsable de l'ambassade du Japon à Bagdad. Le groupe d'Al-Zarqaoui qui a revendiqué la paternité du rapt menace d'exécuter l'otage japonais si le gouvernement de Tokyo «n'a pas retiré ses troupes dans les 48 heures» indiquant «Un membre des forces japonaises a été pris en otage par l'organisation Al Qaîda du jihad en Irak (le groupe écrit en fait «dans le pays du Rafidaïn», nom arabe de la Mésopotamie) (...) Nous donnons au gouvernement japonais un délai de 48 heures pour qu'il retire ses troupes d'Irak, sinon cet infidèle rejoindra les autres». Le Premier ministre japonais, Junichiro Koizimu, a exclu dans une courte déclaration, un rappel du contingent japonais stationné en Irak. Tout en constituant un problème, notamment pour la vie des victimes, souvent des civils, innocentes, la prise d'otages n'a eu aucune influence, jusqu'ici, sur la marche des choses, aucun pays n'ayant cédé au chantage à l'exécution des otages, exception faite du retrait des soldats philippins, en août dernier, suite à un rapt d'un travailleur philippin. Abou Moussab Al-Zarqaoui, dont la tête est mise à prix pour 25 millions de dollars par les Etats-Unis, continue à défier la puissance américaine et à faire la loi à Falloujah, ville rebelle sunnite qui résiste à l'occupation américaine. Un millier de soldats américains assiègent depuis près de quinze jours la ville rebelle, et c'est dans l'optique de remplacer les soldats déplacés vers Falloujah que le commandement militaire américain a demandé à la Grande-Bretagne de redéployer des hommes dans la périphérie sud de la capitale irakienne. Des détachements de ces hommes, dont l'effectif avoisinera les 850 soldats, ont commencé, hier, leur marche vers le nord de l'Irak, et ont quitté la base militaire de Shaiba, près de Bassorah, siège du commandement militaire britannique. Dans un grand déploiement, quelque 50 chars, transportés par des camions, et d'autres véhicules militaires ont pris la route, tôt le matin en direction de Bagdad. Le convoi était survolé par des hélicoptères indiquaient, hier, des témoins. Le Premier ministre britannique, Tony Blair, a ainsi pris la décision de répondre favorablement à la sollicitation des Etats-Unis contre l'avis des Britanniques et des médias opposés à ce redéploiement des troupes britanniques, et malgré les supplications de Mme Hassan -l'otage irako-britannique, qui court le risque d'être exécuté- demandant à M. Blair de surseoir à ce redéploiement. La situation en Irak montre surtout l'imprévoyance et l'impréparation de ceux ayant décidé d'envahir ce pays. Ce que en fait, vient d'admettre le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a admis qu'il n'y «avait pas de plan avant la guerre en prévision d'une guérilla» En fait, alors que les soldats américains s'attendaient à être reçus en libérateurs par les Irakiens, ils vivent depuis un an et demi un véritable cauchemar dans ce pays, par leurs confrontations avec la résistance irakienne. M.Rumsfeld a ainsi indiqué lors d'une interview à une radio américaine que «les plans pour l'après-guerre (...) visaient à empêcher qu'ils détruisent les puits de pétrole, qu'ils fassent sauter les ponts, à éviter qu'il y ait une grave crise humanitaire à cause de personnes déplacées et des réfugiés et des problèmes d'alimentation, et à faire que la guerre se déroule rapidement pour ne pas courir le risque de déstabiliser les pays voisins». Il n'a jamais été prévu par les stratèges américains qu'il pourrait y avoir une résistance à l'occupation et qu'elle occasionnera des pertes à l'armée américaine plus qu'elle n'en a subi durant la guerre. Depuis la fin «officielle» de la guerre en Irak, annoncée le 1er mai 2003 par George W.Bush, plus de 1100 soldats américains sont tombés dans des accrochages avec la résistance irakienne. Et Donald Rumsfeld de reconnaître: «Il est exact que nous sommes obligés d'adapter en permanence ce que nous faisons -nos tactiques et nos stratégies- pour faire face au problème sur le terrain, le problème de la sécurité sur le terrain». C'est celui-là le bourbier irakien.