«Les bouchers ne se bousculent pas aux abattoirs pour lever cette viande» De lundi à mercredi dernier, 110.000 kilogrammes de viande rouge ont été importés par les opérateurs agréés selon le directeur des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture, M.Rachid Bouguedour. «La quantité de viande fraîche d'importation existe suffisamment dans les abattoirs et augmentera constamment», a déclaré M.Bouguedour, affirmant que cette quantité «va doubler d'ici dimanche prochain, où des arrivages sont attendus aux ports d'Alger et Béjaïa». Le responsable des services vétérinaires a regretté le fait que certains bouchers ne jouent pas le jeu. «Inexplicablement, les bouchers ne se bousculent pas au portillon et tardent à lever cette viande pour sa commercialisation». Pourtant, indique M.Bouguedour, le ministère de l'Agriculture n'a aucune prérogative sur les prix. «Le prix de cette viande fraîche cédée à raison de 500 DA a été imposé par la loi du marché et de la concurrence». Il cite à ce propos, l'entreprise publique Sotracov qui revend ce produit très prisé en ce mois de Ramadan à 450 DA. En fait Sotracov, la seule entreprise publique parmi les 30 opérateurs agréés par le ministère, assume le triple rôle, celui d'importateur, de distributeur et de vendeur direct au consommateur. Par ailleurs, M.Bouguedoura a saisi l'occasion pour affirmer que «l'option d'importer la viande fraîche n'a pas été décidée à la veille du Ramadan, mais une opération enclenchée bien avant et qui a coïncidé avec le mois sacré et de ce fait, elle a été accélérée». Aussi, l'importation se poursuivra en vue de créer «une concurrence loyale pour mettre un terme à la flambée des prix des viandes rouges et diversifier ainsi la production au niveau des marchés locaux», a-t-il soutenu. L'importation de viande rouge fraîche est intervenue en application d'une récente décision gouvernementale levant l'embargo en vigueur depuis 1996 avec l'apparition de la maladie, dite de la vache folle, sur l'importation de ces viandes en provenance essentiellement de France, d'Irlande et d'Allemagne. La même opération devrait toucher les viandes blanches dont l'importation a été elle aussi suspendue en 2001 à cause de la grippe aviaire apparue en Europe. Une polémique «regrettable» s'est enclenchée au sujet de la viande depuis le début du Ramadan occultant le débat sur des sujets autrement plus sensibles. La situation sociale, économique, le code de la famille, la réforme de l'école, voire même le code de la nationalité - une révolution- complètement passée sous silence, sont autant de sujets à même de susciter un large débat national. La polémique sur la viande rappelle d'ailleurs celle enclenchée au début des année 90, sur «le mouton de l'Aïd», lorsque l'Algérie a importé ces ovins d'Australie. A l'époque, les plateaux de la télévision nationale sont allés jusqu'à accueillir des spécialistes de la fatwa dans le souci d'éclairer l'opinion sur la longueur requise pour la queue du mouton de l'Aïd, alors que l'Algérie franchissait le seuil d'une décennie sanglante. Qui détourne ainsi l'opinion du vrai débat?