Le grand argentier du pays s'est livré à un exercice périlleux pour justifier le recours au prix référentiel de 19 dollars. Face aux interpellations des députés, ce jeudi, lors des débats en séance plénière, sur l'efficacité de sa politique restrictive, le ministre des Finances a développé un argumentaire qui n'a pas convaincu grand monde. Ses explications sur la décision de retenir un prix référentiel aussi bas dans l'élaboration de la loi de finances 2005, ont laissé les députés circonspects et un tantinet incrédules. Ils ne comprennent pas les raisons qui poussent le ministre des Finances à jouer la carte de l'austérité et de continuer à élaborer ce texte essentiel, sur la base d'une sous-évaluation des recettes. Ces projections seront de mise pendant toute la période coïncidant avec le deuxième mandat du président et corrélativement, consacreront la poursuite du plan de relance économique. Les locataires de l'hémicycle Zighoud-Youcef ont demandé à quoi rime cette stratégie prudentielle alors que l'Algérie connaît une embellie financière jamais égalée. S'appuyant sur des analyses d'experts, les députés ont, pour la majorité, estimé que même si le prix du baril du pétrole connaîtrait une chute abrupte, il ne saurait se situer plus bas que 25 dollars. Le ministre des Finances s'en est allé dans une litanie d'arguments pour persuader les parlementaires de la justesse et de l'efficience de ses projections , rappelant avec insistance que ce choix émane d'une décision gouvernementale après concertation et après étude minutieuse des marchés mondiaux. L'option découle également de la nécessité d'alléger les dettes extérieures et intérieures. Il a argué que ce comportement financier permet de stabiliser le taux d'inflation qui sera selon l'orateur, compris entre 3 et 3,5 % en 2005. Un taux de croissance de 11% pour la même année contre 7% pour 2004. Un effort qu'il qualifie d' «acceptable». Le ministre a fait le plaidoyer de sa politique qu'il juge «transparente» en ajoutant que «le but n'est pas la restriction, mais la stabilité du taux de l'inflation» . Ce dernier n'est point ressenti par les riches car «l'inflation est un impôt sur les pauvres», a-t-il répété avec pugnacité. Les députés ont émis des réserves sur plusieurs points essentiels qui concernent l'instauration des taxes sur la valeur ajoutée de 7% pour les produits médicamenteux, sur les eaux minérales qui s'élève à 5 DA. Ils se sont interrogés sur la finalité du recours à la hausse du prix du gasoil au dessus de 5 DA. Ils ont vivement critiqué l'article 66 qui institue l'expulsion d'un locataire après trois mois de cumul d'arriérés de paiement de loyers. Ils considèrent que cette disposition ne doit pas s'appliquer aux acquéreurs des logements sociaux. Est décrié, l'article 49 qui touche de plein fouet les agriculteurs en leur imposant une taxe de 5000 DA par hectare pour les terres irriguées. Dans son exposé de présentation assorti d'un document soumis à débat, le ministre a fait comprendre à ses hôtes que présentement l'Algérie se trouve à la croisée des chemins et que cela dépendra de l'attitude que prendront les Algériens et les nouveaux réflexes qui devront être complètement inversés pour arriver à sortir de l'ancienne architecture et en tracer une plus conforme aux exigences du moment. Le document synthétisé qualifie 2005 d'«année charnière pour les finances et l'économie algériennes. La période 2000-2004, au cours de laquelle a été mis en oeuvre le Programme spécial de relance économique (Psre) a réalisé, en grande partie, les objectifs qui lui ont été assignés». Les projections du cadre économique pour la période 2005-2009 ont été faites sur la base des conjectures suivantes: «Un prix de baril de 19 dollars pour toute cette période. Un taux de croissance annuel des importations de 5%, un taux d'inflation cohérent avec la politique budgétaire préconisée». Pour le grand argentier du pays, la stratégie financière «sert d'appui à la réalisation du programme de Bouteflika. Il s'inscrit dans la logique de la consolidation de la croissance économique qui nécessite la mobilisation de 3800 milliards de DA. Ce qui représente l'équivalent de 12,7% de la richesse nationale produite au cours de la période considérée». Il estime que les dispositions n'affectent en rien le pouvoir d'achat et que les taxes instituées ne touchent pas en fait les couches démunies. Sur un autre chapitre, il a fait état de 90 mesures draconiennes coercitives pour dissuader ceux qui fuient le fisc. Il prévoit également la création d'un fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (Fsie) et la récupération des excédents financiers des caisses de sécurité sociale et des organismes publics par le Trésor public afin d'éviter la réédition de l'épisode Khalifa, Le ministre a affirmé que les réserves de change de l'Algérie devraient atteindre les 40 milliards de dollars à la fin de l'année en cours. Les secteurs de l'enseignement supérieur, de la justice, de l'agriculture, de l'habitat et de la Sûreté nationale sont les priorités du département de Benachenhou. La mouture prévoit plusieurs mesures visant à alléger les charges sociales du budget de l'Etat. Au menu du projet de loi, figure l'abrogation de l'article 46 de la loi de finances pour 2004 qui a institué l'interdiction d'importation des vins. Est prévue, enfin l'ouverture à la concurrence étrangère des métiers d'audit, d'expertise comptable et de commissariat aux comptes ainsi que la prise en charge, par le budget de l'Etat, des déficits des centaines d'entreprises publiques économiques (EPE) déstructurées ou insuffisamment performantes