M.Hocine Aït Ahmed a foulé, hier, le sol du pays après un exil volontaire en Suisse. Retracer l'itinéraire de M.Hocine Aït Ahmed, c'est finalement retracer l'historique du mouvement national avec des positions politiques et idéologiques toujours d'actualité et portées à bout de bras, dans un environnement souvent hostile, par le FFS. Ce parti qui, dès sa création en 1963, a réclamé une démocratie pluraliste, le respect des droits de l'homme et des libertés politiques dans un creuset constitutionnel, issu d'une assemblée nationale constituante. M.Hocine Aït Ahmed a foulé, hier, le sol du pays après un exil volontaire en Suisse. L'homme n'est plus à présenter. Rappelons cependant que c'est à l'âge de 16 ans, alors qu'il était encore lycéen, qu'il adhère au PPA. Trois années plus tard, il devient membre du comité central et du bureau politique du PPA. En 1947, il crée l'organisation spéciale: branche armée du PPA. M.Aït Ahmed dirige l'OS jusqu'en 1949. après le hold-up de la poste d'Oran, qu'il organise avec d'autres militants en avril 1949, pour alimenter les caisses de l'organisation, il rejoint le Caire où il retrouve Mohamed Khider. Ils seront rejoints plus tard par Ahmed Ben Bella pour former plus tard la délégation extérieure qui fera connaître au monde le combat algérien. Parmi ses hauts faits diplomatiques, M.Aït Ahmed a dirigé la délégation algérienne à la conférence des Non-alignés à Bandoeng en avril 1955, où il a su se distinguer brillamment. C'est aussi lui qui ouvre le bureau du FLN à New York. M.Aït Ahmed a été très actif auprès de l'ONU. Le 22 octobre 1956, il est arrêté dans l'avion de la Royal Air Maroc par l'armée française en compagnie de Ben Bella, Khider, Boudiaf et Mustapha Lacheref. Ils ne seront libérés que le 19 mars 1962. Après l'indépendance et après avoir vainement tenté de faire dans l'opposition à l'intérieur de l'assemblée nationale constituante, il passe à l'opposition et crée, le 29 septembre 1963, le FFS. Arrêté un an plus tard, il sera condamné à mort puis gracié par Ben Bella. Deux jours plus tard, Aït Ahmed s'évade de la prison d'El Harrach, le 1er mai 1966. Il vivra, dès lors, en exil en Suisse jusqu'au 15 décembre 1989 où il rentre à Alger. Il retrouve, en 1992, les chemins de l'exil volontaire, une façon bien politique de signifier son désaccord à la politique suivie. Entre-temps, M.Hocine Aït Ahmed a su donner des couleurs à la rue algérienne par des manifestations populaires monstres. Ainsi, le 31 mai 1990, il appelle à une marche pour la souveraineté populaire. L'autre grandiose marche qui avait drainé à Alger des dizaines de milliers de personnes en décembre 1992 pour demander un deuxième tour aux législatives et ne pas perdre espoir face au rez de marée du FIS. Le choix du pouvoir allait être autre...Le pays a plongé dans une période de violence inouïe...M.Aït Ahmed n'est guère resté les bras croisés, et avec d'autres personnalités nationales, a tenté le contrat national, une «proposition» rejetée par Alger. Aujourd'hui, M.Aït Ahmed est de nouveau au pays et il est en mesure d'apporter sa contribution pour peu que les procès en sorcellerie puissent comprendre que l'Algérie est au-dessus de tout.