A trois jours des élections aux Etats-Unis, huit soldats américains sont tués dans un attentat. Coup dur pour l'armée américaine qui vient de perdre huit marines tués samedi dans un attentat à la voiture piégée près de Falloujah, la ville rebelle sunnite assiégée par l'armée américaine depuis le 14 octobre, selon un communiqué hier de l'armée américaine, révisant à la baisse un précédent communiqué. Il n'en reste pas moins que c'est là l'un des bilans les plus lourds des pertes américaines dans cette guerre de plus en plus meurtrière. Dix autres soldats ont été blessés dans ce même attentat. Outre les marines américains tués samedi, plusieurs autres attentats, attaques diverses et affrontements se sont soldés par la mort de près de 30 Irakiens entre samedi et hier à Bagdad, Kirkouk, Ramadi, dans cette ville, 18 morts ont été relevés pour la seule journée de samedi. C'est dire que la situation en Irak loin de s'apaiser a connu, en revanche, un nouvel accès de violence démentant les propos lénifiants du président sortant américain George W.Bush, lequel affirmait tenir les choses bien en main en Irak, et que 75% des dirigeants d'Al Qaîda ont été éliminés. Ce qui est en porte-à-faux avec la réalité sur le terrain qui reste difficile, autant pour les Irakiens que pour les forces d'occupation étrangères qui ont des pertes humaines de plus en plus significatives. De fait, la mort de ces huit marines survient en pleine campagne électorale et aura certainement un impact sur les indécis. Il en est de même de la surprenante intrusion de Ben Laden dans la campagne présidentielle américaine. Ainsi, en pleine campagne électorale et à quatre jours du scrutin, l'énigmatique et insaisissable Oussama Ben Laden s'invite dans les joutes présidentielles américaines. Cette irruption intempestive de Ben Laden dans la cuisine électorale américaine, outre de lever le doute entourant sa présumée disparition du leader islamiste qui s'exprime après un long silence, brouille quelque peu les cartes des deux candidats à la Maison-Blanche, le président sortant, George W.Bush et son adversaire démocrate John F. Kerry. Dans le message adressé vendredi au peuple américain, à la veille du vote de mardi prochain, Ben Laden déclare, s'adressant directement aux Américains: «Bien que nous soyons entrés dans la quatrième année après le 11 septembre, Bush continue (...) de vous tromper et de vous cacher toujours les véritables raisons de ces attaques», ajoutant: «Ce qui signifie que les raisons demeurent pour la répétition de ce qui s'est passé (le 11 septembre)», en d'autres termes l'Amérique doit s'attendre à d'autres attentats. Et Ben Laden d'assener: «Votre sécurité n'est entre les mains ni de Kerry, ni de Bush, ni d'Al Qaîda. Votre sécurité est entre vos mains» précisant «tout Etat qui ne s'attaque pas à notre sécurité assurera automatiquement sa sécurité». De fait, le sort du président sortant, George W.Bush semble directement lié à celui de la nébuleuse islamiste et à celui de l'Irak. Un Irak totalement engagé dans la guerre sans qu'il soit possible de dire ce que sera demain pour un pays que les Etats-Unis sont venus pour «pacifier», mais y ont surtout installé l'instabilité, le meurtre et la guérilla et la récurrence des prises d'otages. Six nouveaux travailleurs étrangers ont été pris en otage entre samedi et hier alors que le sort de Margaret Hassan, la responsable de Care en Irak, reste inconnu, la confusion entoure celui de l'otage japonais Shosei Koda, dont le corps décapité a été découvert samedi près d'un hôpital de Bagdad, avant que les autorités japonaises démentent que ce corps, transféré au Koweït samedi, soit celui du jeune routard enlevé jeudi. C'est dans cette situation marquée par les prises d'otages, les attentats et les affrontement quotidiens entre guérilla et forces d'occupation, que le gouvernement intérimaire appelle les Irakiens en âge de voter à s'inscrire à partir d'aujourd'hui sur les listes électorales. Ces élections générales doivent pourvoir, selon le schéma de l'ONU, à la mise en place d'une Assemblée nationale, un Parlement pour la région autonome du Kurdistan, et 18 conseils provinciaux. Toutefois, les observateurs restent sceptiques quant à la crédibilité d'un tel scénario surtout avec en toile de fond des violences omniprésentes. De fait, selon un porte-parole de la commission électorale, celle-ci a reçu des menaces, indiquant: «Nous avons reçu plusieurs lettres de menace nous sommant d'abandonner l'organisation des élections car elles sont le résultat du colonialisme». Toutefois avec l'ouverture des bureaux d'inscription à partir d'aujourd'hui, le processus électoral a démarré.