Scepticisme pour les uns, espoir pour les autres, les formations politiques apprécient diversement les 42 ans d'indépendance. «Cinquante ans après...l'énoncé de la proclamation du 1er Novembre reste d'actualité tant la force des idées et des objectifs avancés est en souffrance». La conclusion, pour sceptique qu'elle soit, dressée à la veille de la célébration du cinquantenaire de la Révolution, par Ahd 54, s'inscrit en porte-à-faux des commémorations grandiloquentes dont les officiels nous ont tant habitués. En effet, le parti de l'ex-candidat à la présidentielle du 8 avril dernier, Fawzi Rebaïne, dans un communiqué, parvenu hier à notre rédaction, dresse un sévère réquisitoire contre les régimes politiques qui se sont succédé à la tête de l'Etat depuis 1962. Sans ambages, les rédacteurs du communiqué, tirant prétexte de l'actualité, s'interrogent sur le sens, sinon la portée de l'indépendance nationale auprès des citoyens «qui sont plus nombreux à récuser». Tantôt sur le plan politique où ce parti fustige la direction qui a pris les rênes du pouvoir au lendemain de l'indépendance pour n'avoir ni su ni pu concrétiser les objectifs assignés au mouvement national : la restauration d'un Etat souverain démocratique et social, respect de toutes les libertés fondamentales...et la rend aussi responsable pour avoir tourné le dos aux attentes et aux besoins du peuple. Mais c'est en évoquant la situation économique et sociale du pays, que la diatribe de Ahd 54 se fait plus brutale. Car, le modèle socioéconomique imposé par les «gouvernants illégitimes» aidant, l'on a assisté depuis, à la génération des effets les plus néfastes sur la société. Effets qui ont entraîné la perversité des valeurs et des repères fondamentaux comme le travail, l'honnêteté, la transparence et ont ouvert la voie par voie de conséquence, au clientélisme et à la corruption, «institués et cultivés» comme uniques modes de gestion: «Ce n'est pas un hasard si l'Algérie se classe parmi les pays les plus corrompus de la planète» lit-on dans la lettre. Le Parti des travailleurs, pour sa part, en liant la célébration de l'événement à l'actualité, a fait le bilan le la situation politique et économique depuis l'indépendance. Il n'a pas, lui aussi, manqué de raideur, pour dire à quel point l'Algérie demeure menacée par les convoitises étrangères. Une menace qu'il explique par la nature de la politique économique du gouvernement dont seules les firmes étrangères seraient les bénéficiaires. Réuni, dimanche en session hebdomadaire, le secrétariat politique du PT, en avant-gardiste acharné des richesses économiques du pays, rebondit sur l'actualité et dénonce, comme à l'accoutumée, la politique de privatisation des services publics, le recours aux institutions financières internationales, l'adhésion de l'Algérie à l'OMC et son accord d'association à l'Union européenne. Le parti de Louisa Hanoune s'en prend, avec virulence, à la loi de finances 2005 qui voit derrière la réhabilitation de l'exploitation sauvage et le pillage des richesses nationales. «Ce cours étranger dévastateur doit être stoppé. C'est un devoir national...les institutions étrangères n'ont aucune légitimité pour nous dicter la politique qui hypothèquent notre présent et notre avenir» écrivent les responsables du PT. Le FLN, en dépit de la crise dans laquelle il «patauge», a, de son côté, tenu à marquer l'événement. Par la voix de son comité central réuni, dimanche dernier, l'ancien parti unique, dans un communiqué-fleuve, s'est montré optimiste quant à l'issue positive de son malaise. Les membres du CC insistent, à ce titre, que tous les moyens et toutes les voies aptes à trouver les solutions adéquates seront, de fait, entreprises. Soucieux de préserver la place «force number one» de leur formation sur la scène politique, ces derniers appellent les militants à l'unité et à faire de ce rendez-vous l'élément moteur pour le retour à la normale. Plus critique, le MSP émet une vision plus réservée quant à l'évolution du pays depuis 1962. le PRA qui vient de sortir d'une longue période de trouble organique, avec l'installation de son bureau national, a appelé, pour sa part, à l'accélération dans la mise en oeuvre de la réconciliation nationale en valorisant les efforts consentis jusqu'ici par le président de la République.