Il faut s'attendre à de nouvelles vagues de compression d'effectifs. Le chef du gouvernement affiche clairement sa détermination à enclencher le processus de privatisation de 1200 EPE. A l'origine d'une levée de boucliers de la part du partenaire social. Cette annonce a été faite, lundi, par Ouyahia, en marge de la cérémonie de présentation des voeux au chef de l'Etat, à l'occasion du cinquantenaire de la Révolution. Une mesure qui intervient à un moment où le front social connaît une effervescence particulière et qui risque de jeter de l'huile sur le feu. Cette décision trouve son argumentaire dans le fait que présentement le pays se dirige vers une économie où l'état providence est à mettre aux oubliettes et que les vannes du Trésor public ne doivent plus être ouvertes pour supporter le trou des déficits de ces entreprises qui ont englouti des milliards de dinars. Il a affirmé qu'«il n'était plus possible d'entrer dans l'économie de marché avec les méthodes éculées des dernières décennies comme il est vain d'aspirer à l'ouverture sur le marché mondial avec des entreprises encore sous domination de l'Etat ou de l'administration». Il a spécifiquement indiqué que les entreprises qui entrent dans la nomenclature des entreprises déficitaires seront cessibles au privé «les 1200 entreprises publiques économiques existantes seront proposées à la privatisation.» Néanmoins, il a écarté du lot, les entreprises dites stratégiques, notamment la Sonatrach, la Sonelgaz et la Société nationale des transports ferroviaires. Pour le chef de l'exécutif, cette démarche émane d'une vision purement cartésienne qui ne prend pas en compte les conséquences qui en découleront sur le plan social. «Il n'y a pas de place à la démagogie si nous voulons entrer dans l'économie de marché», a-t-il dit sans ambages. Ouyahia, ne s'embarrasse pas apparemment des effets que peuvent engendrer une telle décision. Il trouve même matière à surenchérir pour signifier qu'il est ouvert à «toute offre d'investissement qui soit bénéfique pour l'économie nationale et pour le Trésor public et qui préserve les postes d'emploi et en crée d'autres, est la bienvenue». Cette sortie pour le moins déroutante du chef du gouvernement s'inscrit en porte-à-faux avec le projet de loi de finances présenté par Benachenhou devant l'APN et qui n'introduit pas le volet de la privatisation. A retenir donc cette flagrante contradiction entre le chef du gouvernement et son ministre des Finances qui n'a à aucun moment exprimé le voeu de l'exécutif d'aller vers ces privatisations, au contraire, le grand argentier du pays a plutôt parlé de prendre en charge la restructuration de ces entreprises et que ces dernières allaient être budgétisées. Arguant que le Trésor public n'a plus à supporter les déficits mais que cette démarche découlait d'une décision politique. A peine le projet de loi de finances soumis à débat et alors que l'on s'attendait à ce que le gouvernement préconise des mesures allant dans le sens d'un établissement d'un pacte social et économique que les couacs se font entendre au sein des membres du staff gouvernemental, qui, apparemment, n'ont pas accordé leurs violons pour se mettre sur la même longueur d'ondes. Benachenhou lors des débats à l'APN a explicitement fait comprendre que c'est le président en personne qui est intervenu pour plaider la cause des entreprises publiques en insistant sur le fait que la mesure revêt un cachet substantiellement politique. Les divergences mises sur le tapis dénote d'une crise latente qui risque notamment de mettre à mal le processus de négociation avec le partenaire social. Ce dernier était parti du mauvais pied avec la bipartie résumée à un énième échec qui corrobore les appréhensions nourries dans la défiance de l'austère discours officiel. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'il y aura certainement du rififi dans les prochains jours, sachant que l'Ugta a ameuté ses troupes et devra affûter ses armes pour faire face à cette nouvelle épreuve du feu qui s'annonce des plus ardues. Le front social est encore une fois titillé par le brasier des compressions d'effectifs.