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La mise à mort des récifs coralliens
LA CÔTE D'EL TARF ECUMEE PAR LES TRAFIQUANTS ET LES BRACONNIERS
Publié dans L'Expression le 18 - 08 - 2015

Le corail algérien, une richesse exploitée, mais... par les trafiquants
Depuis la Messida jusqu'au cap Rosa en passant par la plage d'El Kala, entre autres fonds marins de la wilaya d'El Tarf, le braconnage de l'or rouge enregistre un essor jamais égalé, depuis l'interdiction de cette richesse aquatique en 2002.
Les services de sécurité, Gendarmerie nationale, police, douane algérienne, gardes-côtes et gardes-frontières mènent une lutte implacable contre les réseaux transnationaux organisés au sein de la mafia du corail. Depuis le deuxième trimestre de l'année en cours, la mobilisation de ces services est parvenue à déjouer plusieurs opérations d'acheminement de corail brut, depuis les récifs coralliens des fonds marins de la wilaya d'El Tarf.
Le lourd bilan des saisies enregistrées, fait état, rien que pour le mois de mai, de la récupération de plus de 52 kilogrammes de corail brut. Puis en juin la saisie en moins de 48 heures de 90,2 kg de corail brut sur la plage de la Messida. Quant au mois de juillet, il a été enregistré la saisie de 40 kg de corail brut, dans la commune d'El Bouni, wilaya de Annaba. A l'origine de cette grosse prise, le travail effectué conjointement par les services de sécurité gendarmerie, police et forces navales, au profit desquels, des moyens forts sont mis à disposition à l'effet de faire face à cette mafia organisée et vorace. Car, faut-il le reconnaître, ce phénomène a pris ces derniers années une ampleur inquiétante. Puisant sans relâche dans les récifs coralliens de la façade maritime est du pays, la dernière saisie opérée par les éléments de la Gendarmerie nationale de la wilaya d'El Tarf en date du 15 août, où ils ont récupéré 17 kg d'or rouge. Ainsi, la ville d'El Kala et autres localités côtières sont devenues le carrefour du grand trafic. Une nouvelle route non pas de la soie mais du crime, où se mêlent, désormais, trafic de drogue, de carburant, d'armes, de corail et de grande délinquance.
Richesse de la Méditerranée, ce corail qui passionne plus d'un
Les points de passages empruntés par les contrebandiers transnationaux sont toujours des portes frontalières dont: Lahdada, Segleb, dans la commune d'Oum Etboul et Oued Djenane, près d'El Ayoune, entre autres postes frontaliers avec la Tunisie, pays de transit de cette richesse algérienne, dont le kilogramme vaut 250.000 DA au dernier mot.
La quête de cet or rouge au cours des temps résume bien l'évolution des techniques nautiques et sous-marines de son extraction. Depuis le pêcheur antique avec sa petite barque à rames, tentant d'arracher à la main quelques branches peu profondes en plongeant nu, jusqu'aux navires actuels, équipés de positionnement géostationnaire, de sondeurs multifaisceaux, de caméras téléguidées, de sous-marins et de système de plongée trimix. Les braconniers usent de mille et un tours, pour parvenir au fond des eaux pour l'extraction du corail.
Des radasses (ou fauberts), c'est-à-dire de vieux filets accrochés à un poids amarré à un bout manipulé d'une embarcation pour arracher des colonies de corail. Cet engin de pêche a été ensuite perfectionné en attachant les fauberts à deux poutres fixées en croix à un gros poids central: c'est la fameuse «croix de saint André» ou «ingegno».
20 ans pour quelques millimètres
D'autres engins, comme le salabre ou la gratte, dotés d'une couronne dentée en fer pour pouvoir arracher des branches de corail dans les cavités. L'effet d'un tel engin est désastreux pour l'habitat du corail: rochers rabotés, cassés, retournés, ou recouverts de vase. Si le corail est le plus souvent saisi et récupéré par les services se sécurité, rares sont les cas où les contrebandiers dont des étrangers, sont appréhendés pendant l'acheminement frauduleux de la marchandise vers la Tunisie via le maquis. Car à la vue d'une quelconque patrouille, les contrebandiers, abandonnant des quantités de corail s'évaporent dans les denses forêts du relief frontalier est du pays. Par ailleurs, il est à signifier qu'outre, l'épuisement des récifs coralliens de la façade maritime algérienne, depuis l'extrême Est jusqu'à l'Ouest du pays, le trafic de corail a, depuis plus de 20 ans fait des centaines de victimes parmi les plongeurs travaillant au compte des contrebandiers.
Dans ce sillage, plusieurs corps de jeunes plongeurs (braconniers), récoltant du corail au profit de contrebandiers qui devaient le vendre à des réseaux mafieux, italiens et espagnols, notamment. On signale un cas, parmi tant d'autres, celui d'un jeune homme de 20 ans, qui avait été repêché au large de la plage Draouch, à proximité de la centrale thermique, dans la commune de Berrihane. C'est dire que la tentation est alléchante lorsqu'on sait que le prix d'un kilogramme de corail coûte 250.000 DA.
Nombreuses sont les familles des régions Est du pays, qui ont fait fortune avec le trafic du corail. Les unes motivées par le désir de s'enrichir, les autres pour sortir d'une misère endémique. Entre les unes et les autres, le gros gain, «un risque commun qui vaut le coup!» selon Ahmed, chômeur rencontré à Berrihane wilaya d'El Tarf.
Le corail de la Méditerranée de par son organisme marin fascinant, fait l'objet d'une grande attractivité, et suscite la passion des pêcheurs corailleurs, des bijoutiers, scientifiques et même des simples plongeurs. Souvent appelé l'or rouge pour son utilisation en bijouterie, le corail est un élément essentiel de la science, mais aussi de la culture méditerranéenne et de sa mythologie.
Les pouvoirs magiques et thérapeutiques qui lui ont été attribués depuis des millénaires ont eu une aura qui s'est étendue bien au-delà des rivages de la Méditerranée, jusqu'aux confins de l'Afrique et de l'Asie par la voie des grandes caravanes. Minéral, végétal ou animal, il est un lithodendron pour les anciens grecs et lithophyte pour les botanistes contemporains. Le corail rouge, cette espèce emblématique des fonds rocheux de la Méditerranée, est largement présent sur la côte orientale de l'Algérie. Avec une large répartition verticale, cette richesse de la flore on peut la rencontrer depuis la surface jusqu'à plus de 250 m de profondeur. Ce sciaphile, qui signifie «aime l'ombre», vit ainsi dans des grottes ou des petites cavités et plus en profondeur. Il occupe des parois surplombantes ou verticales, avec des agrégations très denses, parfois plus de 600 colonies par m2.
En Algérie, le corail est apprécié seulement en joaillerie, sous d'autres cieux en Europe, notamment il est utilisé en médecine et dans bien d'autres domaines.
C'est ce qui explique l'intérêt porté à cette flore marine des côtes algériennes. Le corail rouge est une ressource vivante, donc renouvelable... très lentement, étant donné son taux de croissance très faible. Il commence à être fertile à une très petite taille. Ces colonies sont toutes fertiles à 30 mm de haut. Des petites larves ciliées se reproduisent en été.
La dispersion de ces larves est probablement faible et aléatoire selon les courants. C'est dire que le corail rouge a une vitesse de croissance lente.
Incohérence ou défaillance juridique?
Elle varie selon les sites et l'alimentation des colonies en courants, mais reste toujours faible: entre 0,1 à 0,5 mm par an pour le diamètre du tronc à la base de la colonie. Pour une colonie pesant quelques grammes elle peut être âgée de 20 ans. Donc pour une colonie d'un kilogramme, cela peut durer sans doute plusieurs siècles! Ce qui explique la rationalisation de son exploitation et la gestion de cette ressource particulièrement vulnérable. A cet effet, l'Algérie a envisagé l'évaluation des stocks présents devant ses côtes, selon un programme ambitieux qui a commencé en 2006, avec de gros moyens logistiques.
Toutefois, cela reste insuffisant, car le plus important, est de faire face à un braconnage des plus inquiétants dans les eaux territoriales algériennes, El Tarf et Annaba notamment. Malgré l'interdiction de sa pêche par une loi promulguée en 1998, le braconnage du corail rouge (corallium rubrum) prend des proportions effrayantes en Algérie et continue d'occasionner des dégâts sérieux dans les récifs coralliens.
«Les sanctions ne sont pas assez coercitives», sous réserve de l'anonymat, dira un officier des gardes-côtes, de la façade maritime de la wilaya de Annaba.
Ainsi et au pire des cas, les contrebandiers risquent des peines de prison avec sursis et une amende sans plus, tout comme les réseaux de harraga. Plusieurs éléments sécuritaires tous corps confondus, soutiennent l'avis de notre interlocuteur, quant aux faibles sanctions infligées par le dispositif juridique. Des éléments de la gendarmerie, de la police et de la douane, approchés quant à la situation, déplorent les efforts qu'ils fournissent dans leur lutte contre ce braconnage qualifié de richesse aquatique, aboutissant à une satisfaction zéro.
«La plupart des braconniers et des contrebandiers sont des récidives. Arrêtés une fois et même plus, ils sont libérés avec un sursis et une amende, ils se replient encore sous la joute de la mafia du braconnage corallien», nous explique Aâmi Rachid, garde-frontalier de son état au point frontalier de Bouchebka dans la wilaya de Tébessa. «C'est l'ambigüité dans le texte de loi ayant trait à l'interdiction de la pêche du corail, pour ne pas dire le vide juridique, qui est à l'origine de l'essor que connaît ce trafic ces dernières années. Les corailleurs clandestins opèrent en réseaux internationaux», devait expliquer maitre A. F avocat à la cour de Annaba. Une situation préconisant des retombées économiques et environnementales notamment.
Préjudices et enjeux économiques environnementaux
Outre le coup de fouet porté à l'économie nationale, le préjudice environnemental est aussi de taille. Sans connaissance aucune des techniques d'extraction du corail, des centaines de récifs coralliens, voire des milliers sont détruits par les pêcheurs clandestins qui usent de filets. Un outil qui reste accroché aux branchettes. Car les croix de saint André, sont fabriquées avec des rails de fer. Du coup elles sont plus nuisibles, car elles peuvent descendre à une profondeur de plus de 100 mètres. Ainsi et de par sa fragilité, le corail ne peut plus se régénérer.
En attendant qu'une mesure drastique soit prise, des bancs de corail continuent à être dilapidés, par les réseaux transnationaux et les services de sécurité tous corps confondus, toujours sur le qui-vive redoublant de vigilance, surveillant tout mouvement suspect au niveau des frontières terrestres et ce, outre l'omniprésence des gardes-frontières qui ont l'oeil sur tout.
Pendant que l'Etat assiste impuissant au massacre de la flore, mais surtout à la mise à mort de cette richesse aquatique des plus convoitées dans le monde.


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