Le concept de réconciliation nationale commence à faire son chemin sur la scène politique nationale. Alors que, lors du contrat dit de Rome, les boucliers se sont levés et des manifestations ont été déclenchées un peu partout pour descendre en flammes, non seulement le contrat, mais l'idée même de la réconciliation. Il a fallu attendre les avancées faites doucement en la matière, par touches successives et qu'en fait, le projet mûrisse. Récemment, le chef de l'Etat lui-même a surpris son monde en allant encore plus loin en évoquant la possibilité de soumettre à référendum l'amnistie générale. A ce titre, on a essayé d'avoir le point de vue des anciens cadres du parti dissous. Approché, M.Boukhamkham commence par préciser qu'il ne peut dire que ce qu'il pense en tant que simple citoyen: «La tendance étant interdite d'expression politique, du fait de la dissolution du parti par la justice». Donc, pour M.Boukhamkham, «cette idée généreuse mérite que l'on s'y arrête longuement et que l'on explique davantage ses tenants et aboutissants». M.Boukhamkham rappelle les promesses du président de la République lors de la campagne électorale, et déclare: «Le peuple, qui l'a élu avec une confortable majorité, lui a donné un chèque en blanc pour ramener la paix.» Puis, M.Boukhamkham d'ajouter: «Qui donc n'est pas pour le retour de la paix et de la sérénité? Ce n'est qu'après cela, qu'on peut se consacrer au développement du pays. D'ores et déjà, il y a lieu de renforcer les droits de l'Homme et de se consacrer à l'ouverture du champ politique.» Puis, de revenir sur l'idée du chef de l'Etat en souhaitant que «ce dernier saura, et il en a les moyens, faire face aux pressions qui ne manqueront pas de se faire jour». A propos des fameuses lignes rouges à ne pas dépasser, M.Boukhamkham dira que «seul le peuple est en mesure de les tracer, et le peuple a donné large mandat au président Bouteflika». M.Boukhamkham revient ensuite longuement sur l'amnistie générale sans dessiner les contours réels que cela pourrait prendre. M.Boukhamkham précise: «La réconciliation nationale ne peut être que le fruit de l'amnistie générale. Il appartient au chef de l'Etat de prendre les mesures en ce sens.» Notre interlocuteur rappelle que «le coup d'Etat du 11 janvier 1992 a tiré le pays en arrière, d'au moins 50 ans». Questionné à propos de l'éventualité d'un retour de son ex-formation politique dissoute par décision de justice, M.Boukhamkham dira: «L'essentiel, la priorité des priorités reste le retour de la paix. Une fois la sérénité rétablie, autre chose peut se faire doucement.» M.Boukhamkham semble prudent et ne veut, pour l'instant, pas tirer des plans sur la comète. Il se contente de revenir sur la nécessaire construction de la paix, acte premier de la démocratie.