«Utiliser une rente exceptionnelle pour améliorer la situation sociale relève, à mon sens, de l'irresponsabilité.» L'ancien ministre des Finances et élu RND à l'APN, Abdelkrim Harchaoui, estime que la loi de finances 2005 est équilibrée. Pour Harchaoui, le prix de référence du pétrole fixé à 19 dollars est «tout à fait raisonnable». Dans un entretien accordé au quotidien Horizon, l'ancien ministre justifie son soutien à la démarche «prudentielle» du gouvernement en évoquant les crises pétrolières successives qui ont vu le prix de l'or noir se négocier à moins de 10 dollars en 1986, 1997 et 1999. Selon le député de l'alliance présidentielle, le prix de 19 dollars répond donc à un minimum de prudence face à une situation financière très volatile. «Je pense que le prix de 19 dollars est tout à fait raisonnable lorsqu'on prend en compte deux facteurs : le déficit budgétaire prévu pour 2005 qui dépasse les 300 milliards de DA, soit 5,2 % du PIB, et le principal de la dette publique à rembourser sur le fonds de régulation des recettes à raison de 250 à 280 milliards de dinars par an,» a-t-il relevé. Harchaoui passe pour être l'une des rares personnalités politiques à ne pas critiquer la disposition de la loi de finances qui fixe le prix du baril de pétrole à 19 dollars. L'opposition n'a eu de cesse, en effet, d'accuser les différents gouvernements d'excès de prudence sur cette question précisément. Les critiques sont d'autant plus fortes à l'adresse de l'actuel exécutif, que les spécialistes annoncent une persistance des niveaux élevés des prix du pétrole sur les marchés internationaux. Les experts affirment, en effet, que le pétrole demeurera au dessus de 40 dollars durant toute l'année 2005. Ce genre d'affirmations est brandi par l'opposition comme autant d'arguments pour accuser le pouvoir de ne pas vouloir redistribuer les richesses nationales. Harchaoui, quant à lui, résume l'équation qui pousse le gouvernement à opter pour ce prix de référence, à deux facteurs que sont le déficit public et la dette extérieure du pays. L'ancien ministre soutient, à ce propos, totalement la mise en place du fonds de péréquation des recettes pétrogales qui, dira l'élu RND, servira à financer le déficit et la dette. Répondant indirectement aux partis de l'opposition sur le sujet du prix de référence, Abdelkrim Harchaoui affirme qu'«utiliser des ressources très volatiles, voire une rente exceptionnelle pour augmenter les crédits budgétaires et améliorer la situation sociale, relève, à mon sens, de l'inconscience et de l'irresponsabilité». En fait, l'argumentaire de l'ex-ministre des Finances et très proche collaborateur d'Ouyahia au RND est très simple. Il se base sur un constat clair: plus de 97 % des recettes en devises proviennent des exportations d'hydrocarbures et 60 % des recettes budgétaires sont engendrés par la fiscalité pétrolière. Une situation qui, selon lui, n'autorise pas une démarche aventuriste à l'image de la politique suivie dans les années 1980 lors de la flambée du prix du brut.