Présents en force à l'APN, les partis de la coalition ont démontré qu'ils sont les maîtres du jeu. La coalition gouvernementale a pesé de tout son poids, hier, à l'hémicycle Zighoud-Youcef lors de la séance plénière consacrée au vote des amendements introduits dans le projet de loi de finances, laissant l'opposition désarçonnée et un ministre des Finances sur le carreau. Début de séance frileux, voire tendu mais la présence massive des députés au nombre de 251 traduit toute l'importance que revêt le texte aux yeux des parlementaires qui ont engagé un véritable forcing pour faire annuler certains articles et amender d'autres. Sur les 108 propositions émises, 92 ont été retenues pour être soumises devant l'APN. La commission des finances, le canal habituel qui présente ces amendements, a été court-circuité, car son président, Tahar Khaoua, a refusé d'inscrire la litanie de propositions en question sur sa liste. Après une longue et fastidieuse concertation durant laquelle Amar Saïdani semblait perdre le contrôle de la situation, les députés se sont mis d'accord sur une dizaine d'amendements. Entre autres, l'annulation de la majoration de 7% de la TVA sur les produits pharmaceutiques, la hausse de 1DA sur le prix du gazoil contre les 5 DA proposés par la mouture de Benachenhou l'annulation de la taxe de 5000 DA sur les terres agricoles irriguées, le maintien de l'interdiction de l'importation de l'alcool, la reconduction de l'article permettant l'importation des véhicules de moins de trois ans. La suppression de l'article interdisant l'achat de matériels agricoles usagés, la majoration de la taxe sur l'eau minérale d'un dinar. Les rumeurs circulaient à propos d'un compromis conclu entre le FLN, le MSP et le RND, la veille après les éclats qui ont eu lieu au sein de la commission des finances, dont le président a été vivement critiqué et taxé de jouer le jeu du ministre des Finances. Ce dernier, affichant un air embarrassé, ne s'est pas départi de son rictus tout au long de la séance plénière. Dans les coulisses, certains députés qui ont quitté l'enceinte des joutes parlementaires pour prendre l'air ne cachaient pas leur satisfaction. «L'APN, pour la première fois, nous dit Ahmed Guerza (FLN), fait preuve de courage.» Daâdoua, président du groupe parlementaire du même parti avait un air triomphant «nous avons pris en considération le volet social qui est totalement ignoré par le texte. Nous savons répondre présents quand il s'agit de défendre les intérêts des citoyens». Un député du MSP était très content que la levée sur l'interdiction de l'importation de l'alcool soit annulée. «C'est une victoire». Un avis que ne partage pas un député du FLN qui trouve cet amendement anachronique puisqu'il constitue un recul qui n'est point en faveur de l'adhésion à l'OMC. Les groupes parlementaires du PT et d'El Islah étaient dépités. Et pour cause, les amendements introduits par ces derniers ont pratiquement tous été rejetés tels, la révision du prix référentiel à 22 dollars et la suppression du fonds de régulation des recettes. Dans cette épreuve qui a mis sur le devant de la scène la crédibilité de l'APN, il faut dire que les partis de la coalition à savoir FLN, le RND et le MSP ont fait montre d'une discipline hors pair. Ils ont pesé de tout leur poids faisant primer le politique sur l'intérêt économique.