Une grogne motivée par le retard des salaires, la goutte qui a fait déborder le vase, pour des travailleurs déterminés à décrocher tous leurs droits. Ils sont plus de 200 employés de l'ex-Seata actuelle ADE, à observer, depuis jeudi dernier, un sit-in au sein de leur unité, sis Champ de Mars Annaba. Au motif de l'action, le retard dans le versement de leurs dûs mensuels, retirés habituellement entre le 22 et le 25 de chaque mois. Nos interlocuteurs se retrouvent avec un retard de plus de 15 jours, situation pénalisante pour ces pères de familles notamment en cette période de rentrée scolaire. «Nous ne sommes pas parvenus à faire face aux dépenses de la rentrée scolaire de nos enfants», ont fait savoir un bon nombre d'entre eux. «C'est normal, le problème d'argent ne se pose pas pour eux, ils sont les patrons et leur salaires élevés les mettent à l'abri d'une telle situation», ont-ils lancé, tout en mettant à l'index le directeur des ressources humaines (DRH), le tenant pour responsable de ce retard, surtout que des employés ayant des comptes dans l'une des banques publiques «ont retiré leurs dûs». S'agissant des contestataires ayant des comptes dans d'autres institutions financières où il n'a pas été procédé à l'opération de versement des salaires. «Nous nous sommes rapprochés de nos banques, qui nous ont assuré le défaut de versement des dûs, au motif d'une erreur dans la fiche de paiement, établie par la direction», ont-ils rapporté. Une situation qui ne semble pas trop convaincre les employés de L'Algérienne des eaux qui, se sont interrogés sur les dessous de cette erreur touchant seulement une partie des travailleurs. «Pourquoi ladite erreur n'a pas touché ceux ayant un compte dans une banque publique?» Situation jugée d'ambiguë, voire même intrigante, ont laissé entendre les travailleurs en furie. Dans le sillage de leur mouvement, nos interlocuteurs n'ont pas manqué de manifester, une volonté de vouloir, à travers cette action, aboutir à la satisfaction de toutes leurs doléances. Les contestataires exigent le versement des primes de rendement. «Nous demandons la prime du T1 et du T2 qui ne nous ont pas été versées, aussi nous demandons la prime de l'Aïd», ont exigé nos interlocuteurs, faute de quoi le mouvement sera radicalisé, ont menacé les employés, blasés de ce qu'ils qualifient de navire sans commandant de bord. Le retard des salaires a été la goutte qui a fait déborder le vase, pour ces employés. «Barakat à cette politique de l'autruche, où chacun décline sa responsabilité vis-à-vis de nos droits», ont crié les contestataires, demandant du coup l'intervention de la tutelle. «Elle seule est capable de faire face à cette mafia des eaux, qui continue à agir dans l'impunité en maître des lieux», ont-ils lancé. Il faut dire que même la dissolution de la Seata, n'a pas été, semble-t-il fructueuse. Rappelons que cette entreprise fait depuis plus d'une année l'objet de déliquescence. Depuis la résiliation en 2011 du contrat de gestion déléguée des services de l'eau pour les villes d'Annaba et d'El Tarf, signé en 2007, par le gouvernement Algérien avec l'opérateur allemand Gelssen-Wasser, qui s'était montré «incapable d'honorer ses engagements» en matière d'alimentation en eau potable et d'assainissement dans ces deux wilayas. Jusqu'à la création de l'Office national d'assainissement (ONA) et des services de l'eau dans les deux villes, qui avait été déléguée à la Société des eaux et d'assainissement d'Annaba et El Tarf (Seata) en partenariat avec L'Algérienne des eaux (ADE) en passant par les moult scandales secouant cette structure dépendant du département des ressources en eau, l'instabilité a été de mise. La découverte d'un supposé trou financier, estimé à neuf milliards de centimes. Les enquêtes menées respectivement par les services de sécurité et la commission d'enquête dépêchée par la tutelle, auraient conclu que la mauvaise gestion des responsables de cette entreprise serait à l'origine de ce qui avait été qualifié de détournement.