Le thermalisme en Algérie ne date pas d'hier, mais remonte à l'époque lointaine des Romains Les engagements volontaristes de l'Etat au niveau du thermalisme rappellent, si besoin est, la place privilégiée que doit désormais occuper ce secteur dans le développement de l'offre touristique nationale, la création de nouveaux emplois et de nouvelles ressources financières pour les communes. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le thermalisme occupe une place de choix dans les préoccupations des Algériens. Accordant un intérêt tout particulier à la dimension curative des espaces dédiés, les Algériens recourent à tout un gestuel et à une façon d'être dans leurs rapports aux stations thermales. Contrairement à certains esprits chagrins qui ne cessent de faire remonter ces rapports à la période ottomane, il ne serait pas exagéré de dire que les Algériens en sont amateurs depuis que le monde existe. Particulièrement durant l'occupation romaine, date à laquelle notre pays recevait énormément de touristes en provenance de l'Empire de Jules César. Un empereur qui a su capitaliser la présence romaine grâce à la construction de nombreux sites. Que dire alors de la période médiévale où les hammams foisonnaient dans les médinas et existaient bien avant la prise du pouvoir par traîtrise du Royaume d'Alger par les frères Barberousse aidés en cela par Ath Belkadi et ses guerriers autochtones. Il n'y a pas si longtemps, un invité de la Chaîne III annonçait fièrement que les premiers hammams ont été introduits en Algérie par les Ottomans alors que Hammam El Bali de Nedroma, pour ne citer que celui-là, a été inauguré en l'an mille et la médina d'Alger pouvait s'enorgueillir de posséder pas moins de 60 hammams. La France coloniale a, pour sa part, transformé certaines sources en des lieux de traitement et de convalescence. Pour gérer un patrimoine estimé à 200 sources thermales, l'Algérie se dote, dès le lendemain de l'Indépendance nationale de la Société nationale algérienne d'hôtellerie et du thermalisme. Des études sont réalisées et sept sources à haute teneur curative sont retenues, de même qu'un projet de réalisation d'un centre de thalassothérapie lancé dans le cadre d'une politique conçue pour développer un tourisme de dimension internationale. Ce n'est qu'à partir du début des années 1970 que le concept de thermalisme est reconnu et renforcé par la création de la Société nationale algérienne de thermalisme (Sonatherm). Après sa dissolution, des Entreprises de gestion touristique, créées à cet effet, auront la lourde mission de présider aux destinées des stations thermales. Ce qui n'a pas été sans provoquer quelques grincements de dents des nostalgiques de la période où cette activité relevait de la compétence de la santé. Une réponse en matière de santé publique La gestion du ministère du Tourisme a permis, cependant, de donner naissance à de nouveaux espaces qui vont permettre à l'Algérie de proposer à ses curistes de nouvelles opportunités grâce au dynamisme de la Société algérienne de thermalisme. Parmi les nouvelles stations, il est aisé de citer les hammams Bougherara, Salihine, Rabbi, Guergour..., tous conventionnés avec les caisses de sécurité sociale. La création par l'Etat de Gestour reconduira cette même dépendance des établissements en question dans le giron du tourisme. Enfin, créé en 1981, le Centre de thalassothérapie de Sidi Fredj connaît un engouement certain, malgré l'état quelque peu vétuste de ses installations. La rééducation fonctionnelle en milieu marin et la remise en forme constituent ses terrains de prédilection. Ce qu'il faut retenir de ce tour d'horizon, c'est l'existence d'une évolution nette en direction d'un thermalisme orienté vers le bien-être même si, par moment, le contexte de fréquentation déclinante ne donne pas l'impression d'avoir été sérieusement pris en charge, surtout depuis que des stratégies apparemment contradictoires ont vu le jour. La politique algérienne en la matière - si tant est que cette politique existe - semble lourde à l'image des investissements commandés par des équipements onéreux et un entretien coûteux...face à cette eau thermale qui est une ressource fragile connue pour imposer une vigilance accrue pour la stabilité de sa composition et pour la température du captage. Les hautes températures ne sont pas sans favoriser toutes sortes de proliférations. Comment agissent les stations thermales en Algérie surtout qu'avec des normes sanitaires de plus en plus sévères, cet «or blanc» sous surveillance n'est pas une denrée à bon marché? L'activité commandant des ressources, ne serait-il pas envisageable de rendre, comme en Italie et en Allemagne, le thermalisme moins exclusivement médical et plus intégré aux loisirs? A ce stade, il s'agira alors de concilier l'acte médical et cette remise en forme dont la tendance au développement est avérée. Docteur en thermalisme au Centre de Sidi Fredj, Baroudi Elfachouch estime qu'un développement durable, concerté et intégré du thermalisme et de la thalassothérapie s'inscrit parfaitement dans cet objectif. Outre les flux touristiques que cette filière est en mesure de générer pour peu que les infrastructures d'accès et d'accueil soient adaptées, le thermalisme et la thalassothérapie peuvent également apporter en complément une réponse en matière de santé publique et de mieux-être des populations. Encouragement à l'investissement privé A ce titre, les enjeux de l'éducation thérapeutique du patient pour lui permettre de gérer lui-même, dans la mesure du possible, son capital santé, ainsi que ceux liés à l'allongement de la durée de la vie et à la prévention des risques liés au développement des «maux de civilisation» (risques cardio-vasculaires, obésité, prise en charge «post-cancer», stress, addictions diverses...). Lorsque nous avons présent à l'esprit la publicité tunisienne, l'on se rend vite compte que l'activité thermale de type médical se fond de plus en plus dans des formules de séjours touristiques à un moment où les collectivités locales algériennes tournent le dos à cette activité où, pourtant, l'identité des villes ou des régions thermales gagneraient beaucoup à se renforcer sur les vestiges architecturaux hérités du passé. Les actions menées récemment par l'Etat par la mise en place d'un cadre règlementaire spécifique au secteur du thermalisme, la création de la direction du thermalisme au sein du ministère de tutelle et la réalisation d'une étude portant sur 50 sources thermales considérées comme prioritaires constituent une avancée certaine. Il en est de même, nous apprend la même source, de l'encouragement à l'investissement privé par l'octroi de concessions dans les domaines du thermalisme et de la thalassothérapie et par une facilitation au crédit par des mesures incitatives fiscales. Enfin, l'Etat a consenti au déblocage d'une enveloppe de 12 milliards de dinars pour, précise le Dr Baroudi Elfachouch, moderniser les structures existantes relevant de Gestour: les huit stations thermales et le Centre de Thalassothérapie de Sidi Fredj. Les engagements volontaristes de l'Etat au niveau du thermalisme rappellent, si besoin est, la place privilégiée que doit désormais occuper ce secteur dans le développement de l'offre touristique nationale, la création de nouveaux emplois et de nouvelles ressources financières pour les communes abritant sites et stations. Les élus locaux seront-ils au rendez-vous de cette étape historique? Les APC seront-elles au diapason des louables efforts déployés par l'Etat?