La rencontre ne semble pas avoir rapproché les points de vue: les pays «doivent avoir le contrôle sur le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accepter», a martelé le chef de la diplomatie tchèque Lubomir Zaoralek. L'Allemagne a été confrontée hier au refus, ferme et répété, de ses voisins de l'Est d'accepter au nom des valeurs européennes des quotas de migrants pour intégrer le flot ininterrompu de réfugiés qui gagnent l'Europe dans des conditions parfois controversées, comme en Hongrie. Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, appuyé par son homologue luxembourgeois dont le pays assure la présidence tournante de l'UE, s'était rendu à Prague pour tenter de convaincre les chefs de la diplomatie des pays du groupe de Visegrad (Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie). Mais la rencontre ne semble pas avoir rapproché les points de vue: les pays «doivent avoir le contrôle sur le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accepter», a ensuite martelé devant la presse le chef de la diplomatie tchèque Lubomir Zaoralek. La crise migratoire actuelle est «peut-être le plus grand défi de l'histoire de l'UE», a plaidé de son côté M.Steinmeier. «Nous devrions être unis sur le fait qu'un tel défi n'est pas gérable par un seul pays. Nous avons besoin de solidarité européenne», a-t-il ajouté, alors que Berlin a pris la plupart de ses partenaires de court lorsqu'elle a annoncé être prête à accueillir jusqu'à 800.000 réfugiés cette année. Mme Merkel prône une politique «contraignante» de répartition des réfugiés, dont le nombre ne serait pas plafonné. Le pays attend 40.000 réfugiés rien que ce week-end, a indiqué M. Steinmeier. Soit le quart des 160.000 arrivants que la Commission européenne souhaite répartir dès la semaine prochaine dans l'ensemble de l'UE. Un chiffre jugé insuffisant par le Haut Commissariat de l'ONU aux Réfugiés, qui estime à 200.000 le nombre de réfugiés que l'UE devrait accueillir d'ici 2016. Les choix de Mme Merkel ont suscité une vif rejet des pays de l'Est, entrés dans l'UE dans les années 2000 grâce au soutien marqué de l'Allemagne. Outre les quatre pays de Visegrad, la Roumanie a clairement exprimé son refus. Le Danemark, traversé par les réfugiés voulant se rendre en Suède, est sur la même longueur d'onde: il a indiqué hier qu'il refuserait de participer au système de répartition centralisée de réfugiés souhaité par Bruxelles. Si les Européens ne surmontent pas leurs divisions lors d'une réunion extraordinaire des ministres de l'Intérieur prévue lundi à Bruxelles, un sommet des 28 au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement sera convoqué, a prévenu le président du Conseil européen Donald Tusk. La Hongrie a proposé pour sa part d'intégrer aux discussions la Serbie et la Macédoine, des pays également submergés par l'afflux de candidats à l'exil fuyant surtout la Syrie, en organisant une conférence commune avec l'UE. Entre jeudi et vendredi, un record de 7.600 migrants sont entrés en douze heures en Macédoine, selon l'ONU. La Hongrie, que les flots de migrants traversent ensuite pour rejoindre l'Allemagne, est en première ligne. Elle veut bloquer net leur transit à partir du 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe, et a annoncé avoir déployé 3.800 soldats dans la zone, avec pour «tâche prioritaire» d'en accélérer la construction. Une vidéo filmée clandestinement à l'intérieur du plus grand camp de migrants à cette frontière montrait hier les conditions «inhumaines» dans lesquelles la nourriture est distribuée, selon la volontaire autrichienne qui l'a diffusée. On y voit quelque 150 migrants rassemblés entre des clôtures à l'intérieur d'un hall et se bousculant pour tenter d'attraper des sandwiches que leur lancent des policiers hongrois portant des casques et des masques hygiéniques.