Après avoir rallié la France -hésitante au début- à sa politique « contraignante » des quotas pour l'accueil des vagues massives de migrants syriens, démarche fortement soutenue par la Commission européenne, l'Allemagne veut en découdre avec les pays récalcitrants. Notamment avec les membres du groupe de Visegrad, Pologne, République Tchèque, Slovaquie et Hongrie. Elle leur reproche de bafouer les valeurs de l'UE en rejetant les réfugiés ou en manquant d'humanité à leur égard comme en Hongrie. Dans ce cadre, le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, appuyé par son homologue luxembourgeois dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne, a rencontré, hier, à Prague, les chefs de la diplomatie de ces pays dans l'espoir de dissiper les divergences. Néanmoins, la démarche n'est pas une partie de plaisir pour le gouvernement allemand dont la politique a été tout simplement désapprouvée et rejetée par les quatre pays. « Les pays qui doivent accueillir les réfugiés doivent avoir le contrôle sur le nombre de réfugiés qu'ils sont prêts à accepter et ensuite leur offrir (leur) soutien », a déclaré le chef de la diplomatie tchèque, Lubomir Zaoralek, à l'issue d'une rencontre en ajoutant : « Nous devrions être unis sur le fait qu'un tel défi n'est pas gérable par un seul pays. Nous avons besoin de solidarité européenne. » La veille, le Premier ministre slovaque Robert Fico n'a pas été de main morte pour dire tout le mal qu'il pense des pressions subies par ces pays : « Lorsque l'Allemagne ou la France disent quelque chose, nous ne devons pas nous prosterner et répéter la même chose », a-t-il lancé. Devant ces profondes divergences et la gravité de la situation, le président du Conseil européen, Donald Tusk, a annoncé, hier, qu'il convoquerait les 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE sur la crise des réfugiés lundi prochain à Bruxelles. « En l'absence de signe concret de solidarité et d'unité des ministres de l'Intérieur lundi, je convoquerai un Conseil européen extraordinaire sur la crise des réfugiés », a-t-il expliqué. Sur le terrain, la situation se corse. La Hongrie, que les flots de migrants en provenance des Balkans doivent traverser pour rejoindre l'Allemagne, est en première ligne. Elle veut bloquer leur transit à partir du 15 septembre grâce à une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe. Budapest a annoncé hier qu'elle allait porter à 3.800 le nombre de soldats mobilisés pour renforcer cette clôture anti-migrants à la frontière serbe. Le chef de la diplomatie allemande a annoncé 40.000 nouveaux réfugiés pour ce week-end, évoquant « peut-être le plus grand défi de l'histoire de l'UE ». Une situation qui ne devrait pas embarrasser le gouvernement fédéral : deux sondages ont indiqué que les Allemands restent largement favorables à l'accueil des migrants. De l'autre côté de l'Atlantique, le président américain Barack Obama a souhaité que les Etats-Unis se préparent à accueillir 10.000 réfugiés syriens après avoir été critiqué pour son manque de réactivité face à la crise migratoire.