Le crime, qui aurait pu être parfait, a profité au sioniste Sharon ainsi qu'à ses alliés américains et anglais. Le ministre français de la Santé, Philippe Douste-Blazy, interrogé ce dimanche sur la radio juive Radio J, a affirmé que «rien ne porte à penser qu'il y a eu empoisonnement» du président palestinien Yasser Arafat. «Tout sur le plan médical, scientifique, technologique, a été fait en terme d'actes médicaux et comme traitement, et rien ne porte à penser qu'il y a eu empoisonnement» de Yasser Arafat, a ainsi indiqué le responsable français, interrogé sur la «rumeur d'empoisonnement» du chef palestinien. La déclaration, il faut le dire, tranche nettement avec la tendance générale du moment, puisque même les responsables les plus sceptiques jusque-là, n'hésitent plus pour certains à explorer la piste de l'empoisonnement, et pour d'autres, à accuser carrément le Mossad d'être derrière cet assassinat, non sans complicités internes à la «Mouqataâ». Dans le but de contrer un des principaux éléments brandis notamment par Hamas à l'appui de leurs accusations, le responsable français précise que «c'est la famille et uniquement la famille qui a eu accès à l'ensemble du dossier médical et l'équipe médicale de Percy à Clamart a montré évidemment en temps réel et en résumé le dossier à la famille». Tout comme la personnalité et la vie d'Arafat ne lui appartiennent pas, il ne fait aucun doute que sa mort, aussi, dépasse de loin le simple fait divers, et nécessite impérativement que toute la lumière soit faite dessus, d'autant que ce ne sont pas les indices probants et accablants qui manquent à l'appui des accusations qui pèsent lourdement sur les services spéciaux sionistes. Il y va ainsi pour Leïla Chahid, déléguée générale de Palestine en France. Celle-ci, après avoir longtemps soutenu la thèse de la «maladie naturelle» d'Abou Ammar, vient de changer de répertoire sans crier gare. Elle a en effet déclaré ce dimanche matin sur la radio privée Europe 1, qu'il était «tout à fait possible» que le président palestinien ait été empoisonné. S'exprimant pour la première fois depuis le décès du leader palestinien, Leïla Chahid a déclaré que: «C'est tout à fait possible qu'ils l'aient empoisonné, puisqu'ils en ont empoisonné d'autres. Je ne peux pas vous dire que, médicalement, nous en ayons les preuves». Elle a conclu pour dire, que pour les Palestiniens, la thèse de l'empoisonnement «n'est pas seulement une rumeur mais une conviction profonde, très logique. Les Israéliens ont essayé de se débarrasser de Yasser Arafat depuis l'arrivée de Sharon au pouvoir», a-t-elle rappelé. La thèse de l'empoisonnement, qui n'est pas sans rappeler ce qui était arrivé au président Boumediene, fait son petit bonhomme de chemin. Pour s'en convaincre, il n'est que de se rappeler les premiers bulletins de santé de l'équipe médicale française, lesquels n'hésitaient pas à parler d'empoisonnement du sang, avant de subir des «contrôles» méticuleux, évitant scrupuleusement d'évoquer cette éventualité. Le mouvement Hamas, qui a été une des principales victimes du terrorisme d'Etat israélien, a ainsi multiplié les déclarations, exigeant que la lumière soit faite sur cette affaire et qu'une enquête soit ouverte afin de déterminer l'implication de Sharon dans ce énième assassinat d'un dirigeant palestinien. Dès lors, la piste de l'empoisonnement, de plus en plus évoquée à haute voix, est loin d'être écartée. Sharon, qui n'en rate pas une de mettre les pieds dans le plat, s'est littéralement trahi en soulignant que ce départ était «un aller sans retour». Celui pour qui le terrorisme d'Etat est un sport national, ne pouvait guère s'arrêter en si bon chemin, anticipant la mort du président palestinien et mettant en avant son refus qu'Abou Ammar soit enterré à El-Qods. Il ne faut pas oublier, non plus, que de très hauts dirigeants de l'entité sioniste, à commencer par leur chef de file, avaient curieusement annoncé depuis de nombreux mois que «cette année serait la dernière» pour Yasser Arafat. Bref, les Israéliens ont nettement montré qu'ils en savaient bien plus qu'ils en voulaient dire. Trop d'éléments concourent, dans l'état actuel des choses, à accréditer la thèse de l'empoisonnement. Il est certain que pour arriver à empoisonner Arafat, des complicités intérieures devaient exister au sein de la Mouqataâ. Souha Arafat, qui a eu accès au dossier médical complet, a peut-être de bonnes raisons de refuser de se rendre en Palestine, et même de fustiger les «compagnons» d'Abou Ammar. L'incident de ce dimanche, qui a visé Abou Mazen, en est une des conséquences, puisque hélas, il faut s'attendre à d'autres dérapages peut-être prévus par Sharon dans le but d'investir, puis de supprimer, les territoires autonomes.